Indiscipline, illettrisme, drogue, pornographie : voici l’avenir réservé à vos enfants par nos dirigeants imbéciles. Un baccalauréat au rabais, une absence d’éducation, des moeurs dépravées, une alcoolisation précoce ainsi qu’une sexualisation débridée… Quel merveilleux avenir attend ces nouvelles générations !
Le professeur en sciences de l’éducation Denis Meuret a analysé des données issues de l’enquête Pisa 2015.
Il en conclut que les élèves français sont les plus indisciplinés.
Non seulement les enfants français ne brillent pas dans les classements Pisa, qui mesurent les connaissances et les compétences des élèves de 15 ans dans 72 pays de l’OCDE, mais ils seraient, en outre, les champions de l’indiscipline. Le professeur en sciences de l’éducation Denis Meuret est arrivé à cette conclusion sévère après avoir analysé des données issues de l’enquête Pisa 2015.
Il a développé son analyse dans une note qu’il a publiée le 27 mars pour la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Franceinfo lui a demandé quelques explications.
Franceinfo : Comment peut-on comparer l’indiscipline qui règne dans les classes françaises à celle qui existe dans les autres pays ?
Denis Meuret : Le questionnaire Pisa ne demande pas aux élèves de 15 ans des pays développés si la discipline règne dans leur classe. Il leur pose des questions très concrètes. Y a-t-il du bruit dans la salle ? Le professeur doit-il attendre longtemps avant que les élèves se calment pour débuter le cours ? Grâce à ce questionnaire, Pisa 2015 a calculé un index de « climat de discipline » selon la fréquence de la situation évoquée. S’il y a du bruit à chaque cours, l’indice sera bas. S’il n’y en a jamais ou presque jamais, il sera haut. Les pays asiatiques ont de très bons indices de discipline. Les pays anglo-saxons aussi, alors qu’ils ne sont pas les plus répressifs dans les classes.
Il se trouve que, depuis 2012, la France est le pays où ce climat de discipline est le plus dégradé au sein de l’OCDE. L’indice a légèrement augmenté en 2015, mais il reste le plus bas, loin derrière le Japon, où le climat de discipline est le meilleur.
Pourquoi cette question de la discipline est-elle importante ?
L’indiscipline est un facteur d’inefficacité évident, même si ce n’est pas le seul. Quand elle règne, les élèves ont moins de temps pour étudier car l’enseignant passe plus de temps à rétablir l’ordre.
Est-il possible d’identifier les causes de cette indiscipline ?
L’enquête Pisa ne nous permet pas de comprendre pourquoi les élèves français se comportent si mal en classe. Si l’on regarde de près, on constate que l’absentéisme et les retards des élèves sont, en France, plutôt proches de la moyenne de l’OCDE. On peut en déduire qu’il n’y a pas de rejet, a priori, des matières enseignées : les jeunes Français se rendent autant aux cours que les autres élèves de l’OCDE.
Certes, les relations entre élèves et enseignants ne sont pas bonnes, en comparaison avec les autres pays, mais cet indice n’est pas aussi catastrophique que celui de la discipline. L’enquête nous montre que les classes apparaissent aussi moins agitées dans le privé que dans le public, en lycée qu’en collège. En revanche, il n’y a pas de différence significative entre établissements ruraux et urbains.
Quelles pistes faut-il explorer pour remédier à ce problème de discipline ?
Je ne crois pas que l’exclusion temporaire (lien en PDF) à grande échelle soit une bonne réponse. Peut-être faut-il renforcer le dialogue entre parents et enseignants dans chaque établissement. Cela semble d’autant plus opportun qu’ils se parlent moins en France que dans les autres pays de l’OCDE, selon un questionnaire Pisa.
Aux Etats-Unis, des questionnaires sont donnés aux parents et aux enfants sur l’expérience scolaire. On demande aux élèves, par exemple, si les enseignants connaissent leur nom. Évidemment, l’établissement doit aussi rendre des comptes sur la façon dont il aide l’élève à progresser. Des indicateurs existent déjà, comme le taux d’accès au baccalauréat, qui permet d’apprécier la capacité ou la volonté d’un lycée à garder ses élèves de la seconde à la terminale.
De façon générale, le modèle traditionnel français repose sur l’idée que l’école doit sauver les enfants de la mauvaise influence du monde et de leur famille. Cela donne l’idée aux parents, et plus encore à ceux issus de milieux défavorisés, que l’école se construit contre eux. Il faut se rapprocher davantage de la culture anglo-saxonne ou scandinave : l’école travaille avec les parents pour permettre aux enfants de progresser. Il est nécessaire de développer cette idée que les parents ne sont pas des adversaires, mais des alliés.
Anne Brigaudeau – France TV Info