Après le Suicide français de Zemmour et son succès de librairie, c’est Houellebcq connu pour ses sentiments islamophobes, qui s’essaie dans un mouvement imprimé par l’air du temps, à répandre la peur au sein des Français en pointant du doigt le musulman et en dressant un tableau noir de ce qui adviendrait à la France si jamais elle portait à sa tête un adepte de cette religion qui semble hanter manifestement ses nuits. Il s’agit clairement d’une fiction et c’est ce qui fait le plus peur ; car sachant parfaitement que cette utopie ne se réalisera jamais, Houllebecq tient quand même à faire vivre à ses lecteurs — déjà suffisamment conditionnés par la propagande ambiante — les frissons d’horreur qu’ils auraient à vivre si jamais… Certains intellectuels jouent avec le feu. Ceux qui sont conscients des conséquences incalculables qui pourraient en résulter, savent que c’est un jeu éminemment dangereux. Au lieu de dénoncer les nombreux fléaux qui gangrènent notre pays en hypothéquant son avenir, comme la corruption, la maçonnerie criminelle, l’incivisme des politiques, la mainmise de la finance internationale, le chômage, la dégénérescence des mœurs, le recul de l’instruction publique et tutti quanti, monsieur Houellebecq se trompe lourdement de cible en accusant des citoyens brimés, largement minoritaires et totalement impuissants. Gageons que lorsque la France se relèvera et retrouvera sa grandeur d’antan, ces écrivaillons haineux auront à répondre de leur vilénie.
Michel Houellebecq s’est défendu de toute provocation ou satire samedi, quelques jours avant la sortie-événement de son nouveau roman polémique, « Soumission », dans lequel il imagine une France dirigée par le chef d’un parti musulman. Depuis des semaines, critiques littéraires et intellectuels s’interrogeaient sur le nouveau livre de l’écrivain français vivant le plus connu à l’étranger. Nouvelle provocation ? Fable ironique ? Premier ou deuxième degré ? Prédiction de ce qui menacerait la France ? Islamophobie récurrente de celui qui avait déclaré en 2001 « la religion la plus con, c’est quand même l’islam » ? Ce roman « restera comme une date dans l’histoire des idées, qui marquera l’irruption -ou le retour- des thèses de l’extrême droite dans la haute littérature ». Le livre « adoube les idées du FN, ou bien celles d’Eric Zemmour, au cœur de l’élite intellectuelle », écrivait samedi le directeur de Libération, Laurent Joffrin. Pour le philosophe Alain Finkielkraut au contraire, Houellebecq « a les yeux ouverts et ne se laisse pas intimider par le politiquement correct ». Il décrit « un avenir qui n’est pas certain mais qui est plausible ». Pour la première fois, c’est Houellebecq qui a pris la parole dans une longue interview accordée au journaliste de France Culture Sylvain Bourmeau, parue samedi en anglais dans la revue littéraire américaine Paris Review, en ligne dans le journal allemand Die Welt et en français sur le blog du journaliste hébergé par Mediapart.
« Je procède à une accélération de l’Histoire mais, non, je ne peux pas dire que c’est une provocation dans la mesure où je ne dis pas de choses que je pense foncièrement fausses, juste pour énerver. Je condense une évolution à mon avis vraisemblable », assure l’écrivain à propos de son 6e roman, qui sera publié mercredi par Flammarion et tiré à 150.000 exemplaires. Le prix Gongourt 2010 reconnaît aussi « utiliser le fait de faire peur ». « On ne sait pas bien de quoi on a peur, si c’est des identitaires ou des musulmans. Tout reste dans l’ombre. » « Soumission » débute à la fin du second mandat de François Hollande, en 2022. Dans une France au système politique fissuré, la Fraternité musulmane (parti inventé par l’auteur) bat Marine Le Pen au second tour de la présidentielle grâce à un front républicain. Le nouveau chef de l’État, Mohammed Ben Abbes, nomme François Bayrou Premier ministre. C’est une implosion politique sans révolution, acceptée en apparence par la majorité.
– ‘Le Coran mieux que je ne le pensais’
A supposer que « les musulmans réussissent à s’entendre entre eux (…), cela prendrait certainement des dizaines d’années » pour qu’ils accèdent au pouvoir en France, concède l’auteur. « J’ai essayé de me mettre à la place d’un musulman, et je me suis rendu compte qu’ils étaient en réalité dans une situation totalement schizophrénique. » « Que peut bien faire un musulman qui veut voter ? Il n’est pas représenté du tout. Il serait faux de dire que c’est une religion qui n’a pas de conséquences politiques (…). Donc, à mon avis un parti musulman est une idée qui s’impose », assène-t-il. Ayant longtemps vécu en Irlande, Houellebecq se dit frappé « des énormes changements » en France et en Occident. « C’est l’une des raisons qui m’ont conduit à écrire » ce livre. Mais surtout, « j’avais l’impression d’être athée et là je ne sais vraiment plus ». Au début, explique-t-il, « le titre était +La Conversion+ ». Le narrateur, un prof d’université spécialiste de Huysmans qui se convertira à l’Islam pour conserver son poste et pour l’attrait érotique de la polygamie, « se convertissait au catholicisme ».
« Le Coran est mieux que je ne le pensais, maintenant que je l’ai lu », ajoute Houellebecq, concluant que « les jihadistes sont de mauvais musulmans ». « Je ne suis pas un intellectuel. Je ne prends pas parti. Je ne défends aucun régime », dit-il encore, estimant que « l’islamophobie n’est pas une sorte de racisme ». Dans le roman, le président Ben Abbes est présenté comme un musulman modéré « qui défend des valeurs ». Ce sera dans le livre, le patriarcat, la polygamie, le port du voile, le retour des femmes à la maison, la fin de la liberté de conscience et la conversion à l’islam…
- Source :
AFP
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