Après ses déclarations franches sur l’illisibilité du Coran, le 25 mars 2015, Alain Juppé s’est empressé d’effectuer un rétropédalage tactique dès le lendemain. Invité par l’UMP Sciences-Po, il a en effet prétendu « avoir dit une connerie », la veille, sur l’illisibilité du Coran. Ce texte, illisible pour lui, est pourtant limpide et peut se résumer aisément en quelques mots : la loi ultime de l’univers et de la matière est une loi morale, et cette loi morale vivante est Dieu. Voilà le message simple du Coran. Cette loi morale au tréfonds de notre cœur est cependant insaisissable par la raison. C’est ce que ne saisit pas Juppé. Cet homme a cependant saisi tout l’avantage qu’il pouvait tirer des réseaux franc-maçonniques.
En effet, il a accueilli en grande pompe, samedi 28 mars, en l’Université de Bordeaux, le Grand Orient de France pour une conférence publique sur le thème : « Le rejet de l’autre ou l’antimaçonnisme comme annonciateur d’un temps déraisonnable ». Un Coran illisible pour Juppé est forcément déraisonnable. Certes, les francs-maçons se défendent de toute islamophobie, et ils le prouvent en adoubant l’illisible et inaudible imam Chalghoumi ! Dans l’idéologie franc-maçonnique, les lois de l’univers et de la matière sont rationnelles et donc saisissables par la raison humaine, pour peu que celle-ci jouisse d’une « liberté absolue de conscience » (excluant toute contrainte morale), comme le prêche obstinément Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France. Mais ce que ne comprennent pas ces francs-maçons, c’est que ces lois rationnelles se résument in fine à une loi morale, la loi divine aucunement déraisonnable exprimée clairement dans le Coran. C’est précisément cette « liberté absolue de conscience », porte ouverte à tous les vices, toutes les perversions (tous les plaisirs dirait Onfray, le libertin narcissique de Prisunic, le nietzschéen dégriffé bazardé) et tous les crimes, qui sous couvert de laïcité est déraisonnable, follement déraisonnable, messieurs du Grand Orient, et qui est en totale contradiction avec cette loi morale divine, infiniment raisonnable, que vous voulez détruire pour assouvir votre soif démoniaque de pouvoir absolu, car c’est bien ce que vous cherchez derrière votre « liberté absolue », dans le secret de vos loges, cercles, clubs… Kant, dont vous vous réclamez tant, condamnait formellement le principe secret de vos sociétés (dans son livre, « Qu’est-ce que les lumières ?« ), insistant sur « l’usage publique de la raison dans tous les domaines », donc y compris le domaine politique. L’usage secret de la raison la détourne de la loi morale, qui elle ne se cache de personne. On peut dans le secret utiliser sa raison pour parvenir à des buts totalement immoraux, criminels, surtout dans le domaine politique, Kant avait bien compris le grand danger d’une politique qui se ferait dans le secret des loges. C’est bien ce grand danger dans lequel nous sommes plongés aujourd’hui, dont on ne peut sortir qu’en vouant un culte sans partage à la loi morale. Et qu’en osant s’informer de ce qui se trame à nos dépens, en osant savoir, sapere aude…
Bien-sûr qu’il faut respecter la liberté de conscience, et le Coran la respecte, « nulle contrainte en religion » dit la deuxième sourate (durant les persécutions de l’islam naissant, pour prévenir la traîtrise, cette prescription fut suspendue, pas abrogée comme disent les islamophobes ; les États musulmans qui aujourd’hui encore appliquent politiquement cette suspension n’ont rien compris à l’islam), mais pourquoi « liberté absolue » de conscience, même la liberté de Dieu n’est pas absolue puisqu’il est lui-même une loi morale, qui elle est absolue. Tout comme le voleur ne peut pas comprendre l’honnêteté, ou le libertin narcissique rien comprendre à la métaphysique du Coran et à la métaphysique tout court, le désir forcené de « liberté absolue » ne peut pas non plus comprendre la loi morale. Plus précisément, ce désir forcené est une insoumission, une rébellion insensée contre la loi morale, la loi du don, du don divin, de la pure dispensation d’amour, du bien en acte (le modèle de cette rébellion étant bien-sûr Lucifer/Satan). La deuxième sourate dit que l’amour divin est le plus grand. « Deux choses remplissent l’esprit d’admiration et de crainte incessantes : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi », disait Kant soudain mystique ! Kant avait tenté de fonder la loi morale en raison. Mais c’est bien plutôt la loi rationnelle qui est fondée moralement. En sciences physiques, par exemple, la loi de cause à effet n’est, selon moi, qu’une formulation rationnelle de la loi morale du don entraînant une réponse, loi à laquelle se soumet l’univers entier. Et l’insoumission à cette loi morale est ingratitude, insoumission qui n’a jamais été formulée rationnellement. Les scientifiques n’ont jamais envisagé de monde sensible insoumis aux lois de la matière, elles-mêmes soumises à la loi divine. Que serait un monde sensible en insoumission aux lois empiriques ? Ce serait à n’en pas douter un chaos horrible et douloureux. Dans le Coran, ce chaos horrible par-delà la mort terrestre porte un nom : l’Enfer.
Chez les francs-maçons, adeptes fanatiques du culte de la raison exclusive et de la liberté absolue de conscience, on compte sur les progrès scientifiques pour échapper à la mort terrestre et jouir d’une immortalité matérielle, biologique. Cependant, les formes matérielles sont changeantes et périssables. Seul l’inchangeant est impérissable, inaltérable, immatériel, spirituel, divin. C’est parce qu’il y a l’inchangeant, l’impérissable (Dieu) qu’il y a le changeant, le périssable (l’homme), Platon et Aristote qui n’étaient pas déraisonnables l’avaient bien compris ; pour eux tout périt sauf l’âme, l’âme intellective, d’essence divine, pour peu que cette âme soit mue par l’amour du bien moral, du souverain bien. Tout périt sauf la face divine, dit simplement le Coran dans la sourate 88. Y a-t-il message plus limpide ? Plus raisonnable ? Averroès qui n’était pas déraisonnable disait qu’il n’y a aucune contradiction entre Aristote et le Coran. Mais Juppé vous dira qu’Aristote est illisible.
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