Les personnels de justice se sont mobilisés une nouvelle fois contre la réforme du gouvernement.
En plus d’une grève totale ce vendredi, le barreau d’Épinal a voté une grève tournante pendant tout le mois d’avril. Grève générale également à la cour d’assises des Vosges jusqu’au 11 avril.
Une nouvelle journée « justice morte » était organisée ce vendredi partout en France. Les personnels de greffe, avocats et magistrats avaient déjà manifesté le 15 février dernier à Metz, Thionville ou encore Sarreguemines. À Nancy, la mobilisation dure depuis le 20 mars.
Désormais, le mouvement prend de l’ampleur à Épinal. Ce vendredi, les audiences ont été systématiquement renvoyées. Un rassemblement s’est également tenu devant le palais de justice. Plus d’une quarantaine de professionnels étaient présents, malgré la pluie.
Le barreau d’Épinal a voté ce vendredi matin, en assemblée générale extraordinaire, une grève générale des assises jusqu’au 11 avril. Toutes les audiences seront également renvoyées deux jours par semaine jusqu’à la fin du mois d’avril (les 4, 5, 10, 11, 16, 17, 26 et 27 avril). « Les pouvoirs publics sont en train de tester la résistance des avocats », déclare le Spinalien Gérard Welzer.
« L’avenir de la profession sera un mauvais avenir, si on ne montre pas une détermination totale.»
La cible : la réforme à venir de la justice, préparée par la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Les personnels de justice dénoncent, entre autres, des suppressions de tribunaux, une « déshumanisation de la justice » ainsi qu’une régression des droits de la défense. « Les projets qui se profilent pour les avocats sont graves, ainsi que pour le justiciable », ajoute Gérard Welzer.
Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 11 avril prochain. © Radio France – Lucas Valdenaire
« On porte atteinte au citoyen. Et ça, c’est inadmissible.»
Le gouvernement souhaite simplifier la justice pour, notamment, accélérer les procédures. Cyrille Gauthier y voit plutôt un moyen de faire des économies injustes et injustifiées. Il est le bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau d’Épinal. « On nous dit qu’on essaie de privilégier les modes alternatifs de règlement des différends, comme la conciliation, etc. Et curieusement, quand il s’agit de réformer la procédure de divorce, on vous retire la tentative de conciliation devant le juge.»
« Cela veut bien dire que ce n’est pas la conciliation qu’on privilégie, mais les économies.»
Pour le juge d’instance spinalien David Melison, secrétaire nationale de l’Union syndicale des magistrats (USM), il faut arrêter de racler les fonds tiroirs de la justice. De toute façon, il n’y a plus grand chose à l’intérieur : « On a quasiment 500 postes vacants, entre 5 et 10%, c’est beaucoup.»
« Ce qu’il nous faut, c’est du matériel qui fonctionne, des magistrats, et peut-être des réformes mais des réformes, concertées, réfléchies et intelligentes.»
Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 11 avril, une semaine avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres.
Lucas Valdenaire – France Bleu