Cette démission cache clairement un malaise profond qui aura des conséquences dans un futur proche…
Avec la tribune des militaires, l’armée s’est invitée dans la campagne de 2022.
Une armée poreuse aux idées du RN dont le mécontentement est réel et dont le « chef », le général François Lecointre est donné partant. Ce n’est peut être pas le seul changement à venir dans la Grande Muette pour reprendre l’initiative : la place de Florence Parly serait convoitée par… Manuel Valls en cas de remaniement gouvernemental après les régionales.
Ils sont plus de 5000 à avoir signé à la mi-avril une lettre évoquant une « intervention » de l’armée pour mettre fin au « délitement » de notre pays. La très grande majorité d’entre-eux sont des militaires à la retraite, souvent des gradés. Mais parmi les signataires, on trouve une vingtaine de généraux en « deuxième section », c’est-à-dire proches de la retraite qui peuvent être toujours rappelés, et même dix huit militaires d’active. C’est dire si le mécontentement couve depuis plusieurs mois au sein des forces armées.
Dans une nouvelle lettre ouverte particulièrement critique publiée en début de semaine, le général retraité Christian Piquemal, qui ne cache pas ses sympathies pour l’extrême-droite, reproche ainsi au général François Lecointre, nommé chef d’état-major des armées par Emmanuel Macron, de « ne pas parler d’égal à égal avec le pouvoir politique. » Comme si la crise de juillet 2017 qui avait vu le chef d’état-major d’alors, le général Pierre de Villiers, s’opposer à Emmanuel Macron, n’était pas totalement terminée. Cette année-là, le vote à la présidentielle des militaires s’était porté d’une manière très significative sur le RN. 40% d’entre-eux avaient alors voté pour Marine Le Pen, soit plus du double que la proportion dans l’électoral global.
Face au tollé politique suscité par la première lettre, la ministre des Armées, Florence Parly, a dû hausser le ton, tout comme le général Lecointre, qui a annoncé quelques jours plus tard « la mise à la retraite d’office » des officiers proches de la retraite, tout en expliquant que « des sanctions disciplinaires militaires » allaient être prises à l’encontre des militaires d’active. « Je considère que plus les responsabilités sont élevées, plus l’obligation de neutralité et d’exemplarité est forte », a-t-il martelé. Il faut dire que l’un des devoirs des militaires est d’obéir au pouvoir civil.
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Photo d’illustration : Général François Lecointre, chef d’état-major des armées avec Florence Parly, ministre des armées et Emmanuel Macron, président de la république (Crédits : Reuters)
Marc Endeweld
La Tribune7 mai 2021