La guerre permanente entrevue par M. Medvedev
Dans l’entretien qu’il accorde au journal Handelsblatt (feuille commerciale), le premier ministre russe et ancien président fournit un concept apparemment simple, mais hautement significatif de cette future guerre qui est réservée aux générations montantes, et ce mondialement. Il énonce cette vérité militaire que tout engagement au sol, comme s’y préparent ouvertement en Syrie, Turcs, Saoudiens et la coalition qui les soutient, rendra cette guerre permanente. L’on a trop spéculé sur une guerre foudroyante entre les parties engagées dans la guerre froide marquée par des affrontements extrêmes en Asie et en Orient, bien sûr atomique et plus même. En fait, toute guerre est sous le contrôle d’une politique commerciale de défaite du concurrent.
L’engagement russe en Afghanistan, le rappelle l’ancien Président de la Fédération de Russie, dans un piège préparé par l’équipe de Bzrezinski – comme ce dernier l’a reconnu cyniquement dans un entretien recueilli par le Nouvel Observateur parisien, s’est enlisé et a, par un cheminement que chacun peut suivre, conduit à une extension du conflit.
Ce que l’équipe wahhabite engagée dans ce lointain conflit russo-américain par Afghans interposés recherche est la mobilisation de ses réseaux pour lancer des mercenaires à travers l’Europe russe et occidentale, aidée par la Turquie et toute la pseudo-coalition antiterroriste, en réalité matrice de ces derniers et Medvedev de dire un chose fort exacte, à propos des acteurs de cette lutte longue, civile et aux vus uniquement désagrégatives d’ensembles pouvant contrarier les impérialismes renforcés par les deux conflits mondiaux précédents ! C’est ainsi que se caractérisent les mouvements migratoires récents dont le but est l’Allemagne et ses contreforts nordiques. Il convient de reproduire les propos du prédécesseur de Poutine sur la finalité de ces gens missionnés et encadrés par les ONG US à l’assaut de la citadelle européenne : « Certains de ces gens – et il n’y a pas juste quelques individus bizarres ou vauriens complets, mais des centaines, voire des milliers – entrent en Europe comme des bombes à retardement potentielles, et ils accompliront leur mission comme des robots quand on le leur dira. »
« Certains de ces gens – et il n’y a pas juste quelques individus bizarres ou vauriens complets, mais des centaines, voire des milliers – entrent en Europe comme des bombes à retardement potentielles, et ils accompliront leur mission comme des robots quand on le leur dira. »
Il s’agit, à bien tirer les conséquences de cette stratégie, non pas d’une invasion ethnique que l’on a pu nommer le grand remplacement et serait l’application des vues de Kalergi, l’austro-asiatique né à Tokyo, et datant d’avant-guerre, mais d’une mise en place de mercenaires, sur le schéma syrien, et dont feraient les frais les populations européennes. L’intérêt est de permettre aux USA, au leadership US de venir au secours de pays préalablement ruinés, et de monter le même scénario qu’après 1919 et l’effondrement de l’Axe Berlin-Tokyo en 1945 !
C’est là une troisième guerre mondiale, non pas brutale, mais égrainée au long d’une dizaine d’années, qu’achèverait une paix, de l’ordre de celle signée à Versailles en juin 1919. Cette guerre permanente, tout comme la révolution permanente de Trotski, ruinerait les économies concurrentes et se tiendraient éloignées du sanctuaire des États-Unis. À cet égard, la guerre syrienne est le modèle de cette permanence, un essai qui, sur le point d’échouer, retrouverait un second souffle en Occident.
Faut-il mettre sur le même plan les ambitions russes et US ? Les premières sont sur la défensive, et les autres sont plus à l’aise ailleurs où elles exportent leur crise interne que dans leur sphère d’origine depuis longtemps délaissée, comme en témoigne la stagnation économique !
Le nouvel ordre mondial ou l’unité de commandement peut-elle s’imposer à la faveur des troubles ? Il semble bien que pareil projet demeure utopique et soit un bluff, car le monde comme tel échappe à tout commandement unique, sauf dans des rêveries : « Nous ne cherchons ni à dominer le monde ni à lui imposer nos lois, même si nous sommes accusés régulièrement d’avoir pareilles ambitions » a-t-il ajouté. « Ce n’est pas comme cela. Étant des gens pragmatiques, nous savons bien que nul ne peut endosser la responsabilité du monde entier, pas même les États-Unis d’Amérique. » Nul ne contestera, sauf à se livrer à des procès d’intention, le propos réaliste de l’ancien Président russe !