C’est ce que l’on appelle piétiner la laïcité de long en large, en diagonale et à longueur de journées. Alors que l’État a interdiction de se mêler de tout ce qui est religion, il ne cesse de bafouer cette règle lorsqu’il s’agit des musulmans. Qu’il s’agisse des écoles ou des mosquées, l’État ne fait que s’ingérer dans les affaires cultuelles des musulmans malgré un nombre très faible de structures. À côté, il existe des milliers d’écoles catholiques ou juives qui ne sont jamais inquiétées.
Pire encore, le ministre de l’éducation nationale va affirmer des choses alors que son propre ministère dit le contraire. Concernant la déscolarisation, faut-il rappeler à tous ces clowns que l’école n’est pas obligatoire si elle s’effectue à la maison. En France, des enfants sont déscolarisés à cause d’une ambiance exécrable à l’école, ce qui leur permet d’obtenir des résultats bien meilleurs que ceux de leurs anciens copains. D’ailleurs, la chute du niveau scolaire de l’école de la république dans les classements internationaux constitue la raison principale de cette déscolarisation. Il faut ajouter à cela sa volonté d’introduire l’éducation sexuelle dès le plus jeune âge ce qui a été refusé par une grande majorité de Français.
Alors que le lycée Averroès de Lille obtient d’excellents résultats à l’échelle nationale et que 12 contrôles ont été réalisés sans aucun problème, un financement qatari a semé le doute. Pourquoi pas, mais à ce moment là, il faudrait fermer le club de football du PSG ainsi qu’un grand nombre d’hôtels de luxe parisiens où l’alcool coule à flots et les call-girls se succèdent… ! Bref, tout cela n’est pas très sérieux.
La « déscolarisation » inquiète au plus haut niveau. L’exécutif en a fait un argument de lutte contre les dérives communautaires et radicales…
Sans véritable effet.
Dans son discours du 8 octobre contre « l’hydre islamiste », Emmanuel Macron a rappelé que des écoles ont été fermées. À l’Assemblée nationale, Édouard Philippe a renchéri : la lutte contre le communautarisme passe par la surveillance des écoles hors contrat. Christophe Castaner s’est alarmé, jeudi sur France 2 : « L’évitement scolaire progresse […]. On sort de l’école des jeunes filles ». Une offensive gouvernementale dans la ligne de Jean-Michel Blanquer, qui affirmait en juin : « Nous avons un problème avec des écoles hors contrat, qui sont d’inspiration fondamentaliste islamiste ».
« Cours de Coran dès 4 ans ». Diffusé sur Facebook, l’argument contribue au succès d’une école francilienne d’inspiration salafiste. Comme d’autres : apprentissage de l’arabe, éthique stricte, réduction de 10 % pour le troisième enfant… L’exécutif s’inquiète de l’attractivité de l’enseignement musulman. Et, depuis l’attaque à la préfecture de police de Paris, en a fait son cheval de bataille dans la lutte contre le communautarisme.
Quand l’exécutif a parle de « déscolarisation », c’est pour évoquer les enfants soustraits au circuit public. La case maternelle, d’abord. La loi vient de rendre l’instruction obligatoire dès 3 ans. Seulement 3 % d’une cohorte (25 000 enfants sur 700 000) n’étaient pas scolarisés à cet âge. Davantage les fillettes, selon Jean-Michel Blanquer, à cause du « fondamentalisme islamiste ». Une affirmation contraire aux chiffres du ministère. « Mais c’est une tendance dans les remontées de terrain quotidiennes », assure le cabinet.
À l’aveugle.
Deuxième inquiétude : l’évaporation d’élèves musulmans vers des structures confessionnelles, ou vers l’instruction en famille. La Seine-Saint-Denis compte près de 2 000 élèves du privé hors contrat, un millier d’inscrits au Cned. Impossible de dire combien pour motif religieux, encore moins par confession. L’administration a créé une batterie d’indicateurs sur les « incidents laïcité » dans le public. Mais hors les murs, elle avance à l’aveugle. Seule certitude, les alertes émanent d’une poignée d’académies (Créteil, Versailles, Nice, Lille, Montpellier, Toulouse).
« Ce que nous voulons, c’est que tous soient scolarisés dans le cadre républicain », assume un proche de Jean-Michel Blanquer. Depuis septembre 2018, la loi Gatel a durci les conditions d’ouverture des écoles privées hors contrat. Les refus ont doublé : une trentaine d’écoles ont été empêchées d’ouvrir, selon l’Education nationale. Et tout établissement hors contrat doit désormais fournir aux mairies la liste des élèves et des enseignants.
À domicile, 130 contrôles ont eu lieu, officiellement pour vérifier la « conformité pédagogique » de l’instruction. Mais depuis 2015, l’administration sensibilise ses inspecteurs à « l’environnement familial » ou à « l’intégrité intellectuelle » : la télévision est-elle en arabe ? Y a-t-il de la musique ou des photos — proscrits dans le salafisme ? En cas de doute, les services de renseignement sont mis dans la boucle.
Quatre écoles ont été fermées : l’école Philippe-Grenier près de Grenoble, jugée porteuse d’« obscurantisme », l’école Al-Badr à Toulouse, et deux écoles clandestines à Marseille. Suffisant ? L’État soupçonne les deux premières d’avoir rouvert sous un autre nom… À Bagnolet, la population d’une école fermée s’est transférée vers l’institut coranique d’un imam salafiste, à Bobigny.
À Saint-Denis, une école salafiste où 130 élèves ont interdiction de dessiner les visages et où le tajwid remplace la musique est passée entre les mailles du filet. Selon nos informations, une dizaine de ce type sont dans le viseur des services en France.
Goutte d’eau.
Problème : des projets douteux, voire illégaux fleurissent d’autant plus que la pénurie d’offre est grande. En 2019, la France compte entre 70 et 90 établissements privés musulmans.
Une goutte d’eau par rapport aux 300 écoles juives et 9 000 établissements catholiques, alors qu’avec plus de 4 millions de pratiquants (6 % de la population), l’islam est la deuxième religion de France…
Photo d’illustration : en avril, Édouard Philippe a annoncé que 15 écoles privées ont été « empêchées d’ouvrir ». Quinze autres ont reçu un refus depuis. © Sipa Press
21 octobre 2019
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