Le mot empoisonné d’islamophobie
Il ne s’agit pas de faire ce qui n’est pas en notre pouvoir, comme de vérifier tel fait que l’on nous rapporte de la vie des saints, mais il revient assez souvent, dans l’islamité que tel personnage brillant par sa piété, est tombé victime d’un empoisonnement : donner des noms est inutile pour notre démonstration que le poison est, avec la calomnie, sorte de toxicité mentale, l’arme favorite des forces malsaines. C’est ainsi que l’on échappe au tranchant logique du vrai et du faux, pour céder aux apparences trompeuses, en goûtant au parfum qui paralyse le cerveau ! Très caractéristiques à cet égard sont les termes les plus usités aujourd’hui de génocide, d’islamophobie, d’homophobie et de racisme, sans exclure le plus indécis de tous, qu’est le féminisme, tous des diables du catéchisme républicain, ou de la religion républicaine des nouveaux terroristes et Sans-Culottes !
Le premier terme est tenu par une jeunesse aussi studieuse qu’à demi instruite, abreuvée de semi-vérités, comme le résultat ou l’effet de la Seconde Guerre Mondiale, laquelle en tout cas n’aura pas apporté la paix ! Or ce concept de génocide fut forgé par un procureur juif assistant au procès berlinois de l’assassin de Talaat Pacha accusé d’avoir procédé à une mort systématique des Arméniens, et fut ensuite remanié par ce même procureur dans son exil new-yorkais pour être servi après la dernière bataille du monde libre, cette Croisade dont parlait Eisenhower et dont le champignon atomique fut l’apparent point final. Or ce terme a ses limites, d’abord logique, car tuer un peuple est un acte complet, comme tuer un individu, aussi conviendrait-il de parler plutôt de tentative de génocide, ou de début, tout comme ces deux bombes lancées, un mois d’août 1945, sur un peuple abattu ! Il semble naturel à nos écervelés que l’armement sophistiqué des puissances soit un simple parapluie, alors qu’il vise à anéantir des millions d’êtres. Parlera-t-on du génocide des Arméniens comme d’un peuple anéanti ? Pareil énoncé irrite le bon sens ! Mais le mot continue, et subsistera à tous ces mystères dont l’Église se fait la gardienne.
…ce que nous devrions craindre est non pas la mort d’un peuple mais son asservissement, sa servitude cultivée par toutes les forces démoniaques que la psychanalyse menteuse rejette comme des fantasmes…
Le second terme d’islamophobie est à examiner, mais comme il est accompagné par nos orchestres politiques ou électoraux de variations sur l’homophobie et le racisme (terme popularisé par l’ange de la mort du peuple de l’Empire russe chrétien et musulman,Trotski d’après des considérations intéressées sur l’Allemagne en crise), nous pouvons appliquer les considérations de l’un à celles des autres ! Le mot ne dit pas ce que l’on affecte de croire, à savoir que l’on est hostile aux Musulmans, mais plutôt qu’ils sont craints. Qui a peur des Musulmans comme tels ? Que craint par exemple le mouvement féministe de la part des Musulmans ? Ou qu’est-ce que les Chrétiens, moins nombreux que les athées pratiques et moins expansifs que les ex-Israélites, peuvent redouter des Musulmans ? Il y a bien sûr une différence surtout ethnique, pour ne pas dire plus et à cet égard l’Afrique subsaharienne chrétienne, musulmane et – dans ses chefs – maçonnique est-elle crainte pour ses options religieuses ou pour ses habitudes de vie différentes ? Là chacun se tait. Les Catholiques intégristes reposent sur un fort noyau eurafricain de la colonisation, et ils craignent la concurrence musulmane, ce qui se rapprocherait de la phobie en question, mais peuvent-ils craindre un renversement politique du pouvoir africain entièrement hypnotisé par des loges corruptrices dont les missions religieuses s’accommodent ?
On ne peut craindre par ailleurs que ce que l’on connaît bien, or combien sont les citoyens français – qui croient participer à une vie républicaine, qui imaginent que l’on choisit des députés et non l’inverse, croient dans les différences et la diversité, alors que hommes et femmes s’habillent unisex, mangent le même repas frelaté, bref s’empoisonnent en commun, voient les mêmes images de BFMTV, refusent de lire des livres d’un commun accord de paresse, et comme la jeunesse tchadienne dorée que j’entendais dans un compartiment de nuit, s’adressent la parole en se traitant, à vingt ans, de mecs et de meufs ?! Que craindre d’autre en ce cas que soi-même, que sa déstructuration, que sa stérilité, et dire qu’il faut aller vers l’autre, c’est nier l’évidence immédiate que Autrui est devenu le miroir de Soi, identique de forme et de fond, et qu’un des concepts les plus menteurs est celui du multiculturel, car il n’y a plus de culture vidée dans les égouts avec toute notre bouillie de consommation.
Mieux vaudrait parler de modernophobie, d’usurophobie, de pansexualophobie. On rit d’entendre ces mots, quand bien même on ignore que la phobie, terme technique psychiatrique, est une peur sans objet. Mais la vie s’est en effet psychiatrisée, on use de représentations, et l’on ne recherche pas ce que sont les “choses en soi”.
En conclusion, ce que nous devrions craindre est non pas la mort d’un peuple mais son asservissement, sa servitude cultivée par toutes les forces démoniaques que la psychanalyse menteuse rejette comme des fantasmes, non pas la confession musulmane mais sa caricature, tout comme tous ces chefs qui ritualisent, à la manière du Dalaï Lama et vont – comme la photographie en témoigne – glisser leur papier au Mur de Jérusalem, non pas le féminisme ou le machisme, mais l’absence de femmes fécondes et d’hommes fécondateurs, bref craindre l’antinomie de la nature, qu’est l’enfer vomi sur la terre. Là une phobie est salutaire, ailleurs elle n’est qu’un délire produit par des poisons internationaux.
Pierre Dortiguier