Qui ne connaît pas la règle régissant l’industrie de l’armement ? Si ce n’est pas le cas, on va vous la rappeler. Le seul moyen pour que cette industrie gagne de l’argent réside dans le fait que les bombes et autres missiles qu’elle vend explosent le plus vite possible pour susciter d’autres commandes. En d’autres termes, cette industrie vit des guerres qu’elle sera tentée d’enclencher et de manipuler. L’Occident est donc un des premiers fournisseurs d’armes destructrices tout en passant pour le plus civilisé et pour celui qui recherche systématiquement la paix aux Nations unies ou en Europe. Pourtant, les bombardements et autres mitraillages de civils se font avec ces armes. Leur richesse en dépend. On ne peut pas faire le pacifiste d’un côté en condamnant les belligérants à longueur de journée, tout en leur fournissant en sous-main des armes en tous genres à coup de milliards d’euros.
Après deux années de baisse, les ventes ont repris.
L’Allemagne, la Thaïlande et le Brésil sont les principaux clients des armes helvétiques En 2017, les exportations suisses de matériel de guerre ont augmenté de 8%, pour se porter à 446,8 millions de francs (+34,7 millions). Les principaux pays destinataires ont été l’Allemagne (117,7 millions), la Thaïlande (87,6 millions) et le Brésil (32,9 millions). Ils sont suivis de l’Afrique du sud, des Etats-Unis et de la Suède.
La Suisse a exporté vers 64 pays, a indiqué mardi le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), qui délivre les autorisations. Cette croissance fait suite à deux ans de baisse. L’ensemble des exportations de marchandises depuis la Suisse ont reculé d’environ 1% par rapport à 2016. Les armes de guerre représentent 0,15% du total des exportations helvétiques.
Les principales ventes ont concerné des systèmes de défense antiaérienne vers la Thaïlande (87,6 millions), différents types de munitions et de composants de munitions vers l’Allemagne (78,3 millions) et des appareils de conduite de tir pour systèmes de défense antiaérienne vers le Brésil (32,9 millions).
L’Europe en tête des clients
En 4e et 5e positions des pays destinataires figurent l’Afrique du Sud (32,7 millions) et les Etats-Unis (27,6 millions). Par continents, 49,8% (51,9% en 2016) des exportations ont pris le chemin de l’Europe, 14,3% (11,2%) celui des Etats-Unis, 28,5% (24,4%) celui de l’Asie, 7,3% (12,4%) celui de l’Afrique et 0,1% (0,1%) celui de l’Australie.
Par catégories, 39,4% des livraisons effectuées en 2017 ont été constituées de matériel de conduite de tir, 30,5% de munitions et de leurs composants pour armes de tout calibre, 8% d’armes de tout calibre, 6,1% de composants pour avions de combat et 5,3% d’explosifs militaires et de combustibles militaires. Les 10,7% restants se sont répartis entre cinq autres catégories.
S’agissant des biens militaires – par exemple les avions militaires d’entraînement non armés, les drones d’exploration ou les systèmes de visée nocturne –, le SECO a délivré des autorisations pour 71 millions de francs, en nette baisse par rapport à 2016 (693 millions). Ces permis sont valables deux ans et peuvent être prolongés de deux ans au plus.
Le SECO vante ses contrôles concernant les réexportations
L’ordonnance sur le matériel de guerre interdit d’exporter si le pays de destination est impliqué dans un conflit armé interne ou international. Par ailleurs, depuis le 1er novembre 2012, lorsqu’elle accorde une autorisation d’exportation de matériel de guerre, la Suisse peut se réserver le droit d’aller vérifier sur place si la déclaration de non-réexportation est respectée.
Faisant valoir ce droit, le SECO a mené en 2017 des contrôles en Bosnie-Herzégovine, en Malaisie, en Slovaquie, à Singapour et au Vietnam. Ces contrôles ont montré que ces pays avaient respecté leurs engagements de ne pas réexporter le matériel de guerre reçu sans l’accord de la Confédération.
La Suisse est l’un des rares pays à vérifier sur place ses exportations de matériel de guerre, souligne le SECO. Celui-ci continuera de conduire des contrôles, avec le concours des Départements fédéraux des affaires étrangères et de la défense.
Les critiques du GSsA
Dans un communiqué en réaction aux chiffres du Seco, le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) demande que cessent immédiatement les exportations vers des pays impliqués dans des guerres, comme l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unies ou encore la Turquie. «Bien que l’industrie de l’armement ne représente qu’un tout petit pourcentage du volume total des exportations Suisses, elle ternit l’image et […]
ATS – LT – Le Temps