
Les traducteurs de Trump
Dans un temps où la grammaire s’effondre, comme tous les arts libéraux enseignés depuis le dénommé Moyen Age à la Sorbonne avant que celle-ci ne devienne la nef des fous de Cohn-Bendit, où le verbe lui-même est une notion trop difficile pour une jeunesse enivrée d’images, et où la dialectique est un mot grec devenu tout aussi obscur que la métaphysique ou la logique, faire du thème ou traduire une version est devenu ardu. C’est pourtant ce à quoi se livrent les esprits forts de la contestation politique : ainsi le discours de Trump sur la célébration de l’entrée des Russes dans le camp d’Auschwitz, ancien duché qui figure dans les titres de l’Empereur d’Autriche, a-t-il été analysé à la loupe et traduit en langage démocratique. On y a remarqué une absence du mot juif, ce qui a déclenché une vague de terreur, comme si le monstre sortait des flots, alors qu’aucun président de la République américaine, à notre connaissance, n’a annoncé son bonheur d’être grand-père avec autant de flamme que devant l’AIPAC dont il est inutile de préciser la finalité.
On remarquera que cette même AIPAC a comme directeur celui qui, à Chicago, dirigea la campagne d’Obama, et que le secrétaire d’État et archimillionnaire président d’une société pétrolière, que chacun connaît, nommé par Trump, a financé avec le Round Table des patrons US la campagne d’Obama.
Mais à lire des gens précipités, surtout en ce pays de France où il faut montrer à tout instant sa carte d’identité intellectuelle et prouver son intelligence, – ce qui est la jalousie entre égalitaires – Trump cache son jeu, il annonce le leitmotiv d’une révolution des esprits et des fortunes, un accomplissement de la doctrine de Charles Lindbergh dont le fils fut enlevé et assassiné par représailles : America first, l’Amérique d’abord, tout comme le slogan France d’abord avait fleuri à la fin du 19e siècle.
L’élection américaine a vraiment été une manœuvre de séduction démocratique pour duper le peuple qui voulait se débarrasser de l’équipe de Washington.
Il n’y a point à redouter que la progéniture de Trump subisse un enlèvement et une fin si triste et scandaleuse, surtout quand on apprend que ce fut le père du général qui fit la campagne d’Irak et qui forma la gendarmerie iranienne, Schwarzkopf qui mena et sabota l’enquête de l’assassinat du fils de Lindbergh !
Tout ce qui est proposé par Trump est marqué au sceau de la ruse et de la comédie politique : il annonce un mur qui se révélera être trop onéreux et inefficace, non souhaité par les trafiquants de la main d’œuvre latine et les cartels de la drogue, il interdit l’entrée aux Musulmans de plusieurs pays, mais il s’agit pour eux de ne pas dépasser 90 jours, il se fait fort d’introduire le bon sens germanique, mais accuse sa vassale Merkel de vouloir faire de l’Allemagne le maître de l’Europe, se veut patriote US pour tomber dans les bras de la perfide Albion, comme on nommait cette « nation marchande » dont Napoléon dénonçait le danger de prédatrice de l’Asie en 1805 au Roi de Perse Fath-Ali qu’il décora de la légion d’honneur, non sans l’avoir livré aux singeries d’une loge maçonnique parisienne !
Ce sont autant de coups d’épée dans l’eau ! Il en sera de même pour la capitale israélienne à Jérusalem. On nous servira l’aigle à deux têtes ! Une ville et deux autorités l’une et l’autre se découvrant, par des sophismes, une origine, une racine abrahamique ! Mais l’argent sera unique ! Qui vivra verra !
La dernière mesure de Trump de déclarer des zones protégées en Syrie, mesure saluée, outre Erdogan qui se retrouve américanophile, par l’atlantisme politique français, Hollande et les socialistes en tête, démontre que rien ne change, que l’élection américaine a vraiment été une manœuvre de séduction démocratique pour duper le peuple qui voulait se débarrasser de l’équipe de Washington.
Âne démocrate et éléphant républicain sont des symboles, des étiquettes de cage de zoo, en réalité ce sont des reptiles qui fascinent et paralysent l’opinion, non pas en l’immobilisant, mais en lui injectant un venin qui lui donne la danse de Saint Guy, la rend fébrile, idiote ou l’éclate pour parler vulgairement, comme on imagine l’ancien dictateur pakistanais dans la boîte de nuit londonienne, d’après les quelques éclats lumineux visibles sur la toile.
En fait nous entrons dans une confusion accentuée des genres et notre liberté n’est plus qu’un étourdissement perpétuel qui fera que l’on hissera au trône républicain, une Le Pen antiraciste, nationaliste, néocoloniale, « francophone » et anti impériale au sens de nos va-t-en guerre de 1914, bref nous sombrons en chantant sous la vinasse électorale dans une guerre larvée, civile en apparence, en réalité, comme l’écrivait Paul Valéry, l’expression d’une ruine de l’intelligence. C’est cette bêtise qui ouvrira la porte des abattoirs qui se mettent en place, et ce au nom de l’inventrice de la guillotine, la démocratie déesse d’un monde sans divinité, bref une escroquerie sanglante, car toute cette clownerie trumpiste se paiera cher, par le sang des innocents dont ses maîtres financiers et vampires trouvent la terre trop pleine.
Pierre Dortiguier