Tout le monde se demandait pourquoi Madame Louisa Hanoune s’est retrouvée en prison après sa convocation par le tribunal militaire de Blida. En réalité la réponse est très simple puisqu’elle vient d’avouer avoir rencontré Saïd Bouteflika et le général Toufiq Mediene. Selon elle, par la voix de son avocat qui vient de publier un long message sur son compte Facebook et que vous pouvez lire ci-dessous en arabe, elle avait cru participer à une réunion officielle qui aurait duré à peine une heure afin de participer à une réflexion à propos d’une sortie de crise.
Sauf que cette excuse ne tient pas la route une seconde étant donné que Saïd Bouteflika est totalement rejeté par la population et pire encore, le général sanguinaire Toufik est à la retraite depuis des années et n’avait donc strictement rien à faire à la présidence ! Ce qui démontre que l’Algérie est dirigée secrètement, de manière tout à fait occulte par des personnes qui n’ont aucune fonction légale. Pire encore, aux dernières élections présidentielles, Louisa Hanoune a oscillé entre 100 000 et 150 000 voix ; en d’autres termes, elle ne représente absolument personne en Algérie. Du coup, comment se fait-il qu’elle puisse se retrouver dans une réunion comme celle-ci, comme si elle pouvait faire partie de la solution alors qu’elle a été chassée des manifestations du vendredi comme l’ont été ses soutiens qui ont voulu s’y joindre après son arrestation ! Elle est en train de payer justement sa proximité avec le pouvoir tout au long des 20 dernières années.
Il reste néanmoins évident que son arrestation par la justice militaire est totalement illégale et absurde car c’est une civile, une représentante de la fausse opposition. C’est justement une vraie opposition qui manque en Algérie aujourd’hui et ce que demande le peuple, c’est la mise en place d’un État de droit plein et entier.
Louisa Hanoune passe aux aveux.
La secrétaire générale du Parti des Travailleurs a reconnu par le biais d’un de ses avocats, Rachid Khane, avoir participé à une « réunion consultative » le 27 mars dernier, soit sept jours avant la démission de Bouteflika le 2 avril, avec « Saïd Bouteflika et le général Toufik ».
Cette rencontre, qui a eu lieu à la résidence officielle « Dar El Afia » à Alger, a « duré une heure seulement », a précisé Me Khane dans un message posté hier soir sur sa page Facebook.
_ بيان هام _
نحن الاستاذ رشيد خان باعتباري عضو قيادي في حزب العمال و مناضل لاكثر من 20 سنة الى جانب الامينة العامة و كمحامي موكل للدفاع عن المناضلة لويزة حنون المعتقلة بسجن البليدة منذ 09 ماي 2019 و لرفع اي لبس او تأويل حول القضية المعتقلة من اجلها بزعم ارتكابها جناية التآمر غايته المساس بسلطة قائد تشكيلة عسكرية و المساس بالنظام العام و بأمن تشكيلة عسكرية الافعال المنصوص و المعاقب عليها بمقتضى نص المادة 284 من القضاء العسكري و كذا جناية المؤامرة بغرض ارتكاب الجنايات المنصوص…
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« La rencontre avait pour objectif de donner son avis sur la situation politique, et elle pensait que cette rencontre était officielle avec l’accord de la présidence de la République », assure l’avocat et militant du PT. « Sinon, comment expliquer qu’en l’espace d’une heure, elle aurait pu commettre tous ces actes qui représentent des accusations graves passibles de la peine de mort », poursuit Me Khane.
Louisa Hanoune se défend, selon son avocat, d’« avoir accompli son devoir », en participant à cette rencontre, en tant que « cheffe d’un parti agréé » et « députée » et la Constitution lui donne le droit de représenter le peuple devant les instances officielles. »
« Ma responsabilité dans les circonstances actuelles est de trouver une sortie de crise et je ne peux pas imaginer qu’une action purement politique puisse être criminalisée et je n’imaginais pas qu’en 2019, un responsable politique soit humilié à cause d’une initiative politique « , a dit Louisa Hanoune à son avocat, en rappelant que sa cliente avait rencontré Gaïd Salah en 2014.
Se considérant comme une « prisonnière politique », Louisa Hanoune lance un appel, par la biais de son avocat, à toutes les personnes libres, en Algérie et à l’étranger, pour la soutenir dans son combat et demander sa libération.
« Le seul péché que j’ai commis est d’avoir rempli mes hautes fonctions politiques », se défend encore Louisa Hanoune, toujours selon son avocat.
Selon Me Khane, le tribunal militaire de Blida examinera le 20 mai la demande de remise en liberté de Louisa Hanoune.
Louisa Hanoune a été placée sous mandat de dépôt le 9 mai dernier par le juge d’instruction du Tribunal militaire de Blida. Elle est poursuivie pour « complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandant d’une formation militaire » (article 284 du code de justice militaire) et « complot pour changer le régime » (un acte prévu et puni par l’article 77 du code pénal).
Elle a été arrêtée dans le cadre de l’enquête sur le trio Said, Tartag et Toufik, également incarcérés à la prison militaire de Blida, et poursuivis pour « complot contre l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité de l’État ».
Photo d’illustration : Louisa Hanoune – Liberté