Nous savons que les maladies nosocomiales causent des milliers de morts chaque année en France ainsi que des milliers d’autres amputés et malades graves. Comment le personnel hospitalier peut-il garantir l’hygiène d’un hôpital et notamment combattre les germes résistants comme le staphylocoque doré avec des locaux vétustes et des murs délabrés ? Bien sûr, c’est impossible. En d’autres termes, les responsables politiques qui laissent faire sont responsable de la mort de toutes ces victimes de maladies nosocomiales.
Les patients et les professionnels de santé constatent chaque jour un peu plus le délabrement des bâtiments hospitaliers.
Exemple éloquent à Marseille, à l’hôpital de la Timone, dont le principal immeuble est vieux de 45 ans.
La visite de l’hôpital de la Timone, à Marseille, commence par le bâtiment neuf, inauguré il y a six ans. Enfin, neuf… quand il reste encore des portes et quand les ascenseurs ne sont pas cassés. Après huit mois de convulsions, la crise des urgences a contaminé un hôpital public arrivé à saturation. Les personnels de santé sont appelés à manifester, jeudi 14 novembre à Paris, tandis que le gouvernement prépare un « plan de soutien » de la dernière chance.Des poubelles devant le bloc, des plafonds éventrés, des cafards…
Première surprise : des poubelles à l’entrée du bloc opératoire. Deux conteneurs à déchets se trouvent dans le couloir qui fait le lien entre le bloc et le service de réanimation et où les soignants passent plusieurs fois par jour, explique Olivier Paviot, délégué syndical Force ouvrière.
Au sous-sol d’un bâtiment de la Timone, les plafonds sont éventrés alors que des patients passent dans les couloirs. Le 7 novembre 2019 à Marseille. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)
Du côté de l’ancienne partie de la Timone, construite il y a 45 ans, c’est encore pire. Des murs sont délabrés, les peintures ont l’âge du bâtiment, des plafonds sont éventrés avec des fils électriques qui pendent, certaines fenêtres ne ferment même plus. Dans la salle d’attente, des chaises sont cassées et il n’est pas rare de croiser des cafards. Parfois, de l’eau marron sort même des robinets.
Un trou dans le mur près d’un ascenseur, à l’hôpital de la Timone, le 7 novembre 2019 à Marseille. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)
Patients et soignants n’en finissent plus de décrire ce bâtiment vétuste : « On dirait que le bâtiment va s’effondrer », « dans les toilettes le crépi des murs s’effrite », « dans les douches collectives ça pue », « parfois les ascenseurs ne marchent pas, j’y suis restée bloquée plus d’une fois ». Du scotch est même utilisé pour fermer une porte : « Je n’ai jamais vu ça », réagit Christiane, une patiente qui préfère en rire.
Un cadavre qui passe devant un enfant de 4 ans
Alain Cozzolino est responsable des brancards de l’hôpital de la Timone. Tous les jours, il part à leur recherche car il en manque par dizaines. Il vient d’en retrouver un, au sous-sol : « Ce n’est pas normal », déplore le responsable des brancards, « comme beaucoup de choses à la Timone », reprend-il.
Un lit cassé, à l’hôpital de la Timone à Marseille, le 7 novembre 2019. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)
Le plus marquant, c’est peut-être l’organisation des circuits. Au rez-de-chaussée, on croise les pompes funèbres, avec des patients décédés. Dina et son neveu de quatre ans ont rendez-vous avec le médecin. Un cadavre recouvert d’un drap leur passe sous les yeux…
Photo d’illustration : à l’hôpital de la Timone, le principal immeuble est vieux de 45 ans. À Marseille, le 7 novembre 2019. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)
14 novembre 2019