Il est de notoriété scientifique, voire publique que le Lasso produit phytosanitaire composé de monochlorobenzène constitue un danger pour la santé des utilisateurs. Dans le cas présent, la victime a présenté dés l’ouverture du contenant et après en avoir inhalé les vapeurs, des troubles neurologiques sérieux ayant entraîné une incapacité totale de travail d’une année : maux de tête, vertiges, troubles musculaires, bégaiement…Et pourtant, il aura fallu attendre 2007 pour que notre pays interdise ce produit réputé dangereux, bien après le Canada, la Grande-Bretagne et la Belgique. À relever qu’aucune mise en garde n’avait été portée à la connaissance de l’utilisateur ; aucune étiquette visible ne l’invitait à prendre des précautions. C’est dire le mépris qu’ont ces marchands de la mort. Il reste à espérer que la Cour d’appel de Lyon confirme le jugement de 2012 favorable à la victime.
[citation source= »Le Parisien »] La Cour d’appel de Lyon se prononcera le 10 septembre sur le pourvoi du groupe agrochimique américain Monsanto, reconnu « responsable » en première instance en 2012 de l’intoxication d’un agriculteur charentais par un puissant herbicide, ouvrant la voie pour la première fois en France à d’éventuels dommages et intérêts. L’audience, qui a duré trois heures, a été précédée d’un rassemblement d’une trentaine de personnes sur les marches de l’ancien Palais de Justice, à l’appel de l’association Phyto-Victimes regroupant des victimes de produits pesticides. Ils ont accueilli avec des applaudissements l’arrivée du céréalier de Bernac (Charente), Paul François, aujourd’hui âgé de 51 ans et partiellement invalide. Ce dernier, visiblement ému, était accompagné de ses deux filles et de sa femme. Il s’est déclaré « serein et déterminé ». Son avocat, Me François Lafforgue, a dénoncé devant la presse « une stratégie de harcèlement judiciaire » de Monsanto. « On jette le discrédit sur Paul François, sur sa famille. On remet en cause tous les éléments de preuve qu’on apporte. C’est exténuant. La coupe est pleine aujourd’hui. Je crois vraiment qu’ils sont allés au bout de leur démarche de mauvaise foi. J’espère que la Cour d’appel confirmera le jugement », a t-il déclaré à la sortie du procès. « Il y a 140 ou 150 pièces qui ont été versées au débat par mon client, qui justifient à la fois de l’accident, de son intoxication et des préjudices qu’il subit. Il vit un calvaire depuis plusieurs années », a ajouté l’avocat qui s’est dit « confiant » dans l’issue de la procédure. « Les dommages invoqués de M. François n’existent pas. C’est extrêmement clair. A partir du moment où un préjudice n’existe pas, on voit difficilement comment Monsanto pourrait être responsable », a déclaré pour sa part Me Jean-Daniel Bretzner, qui représentait le leader mondial de l’agrochimie. « Il n’y a aucune preuve de l’incident. Personne n’était là. C’est une thèse qui n’est confirmée par personne », a-t-il poursuivi, en soulignant que le produit incriminé « n’était pas dangereux ». Pourtant le 13 février 2012, le tribunal de grande instance de Lyon avait jugé Monsanto « responsable » de l’intoxication en 2004 de Paul François par l’un de ses herbicides, le Lasso, en condamnant la firme à « indemniser entièrement » la victime pour le préjudice subi. Le 27 avril 2004, Paul François, avait inhalé par accident des vapeurs de Lasso en ouvrant la cuve d’un pulvérisateur. Il avait été rapidement pris de nausées puis de troubles (bégaiement, vertiges, maux de tête, troubles musculaires…) l’obligeant à interrompre son activité pendant près d’un an. En 2005, des analyses relevaient dans son organisme des traces de monochlorobenzène, un solvant toxique, principal composant du Lasso dont la présence ne figurait pourtant que sur l’étiquette arrière. En première instance, le tribunal avait relevé notamment que rien n’était « mentionné concernant les risques liés à l’inhalation du produit ou la nécessité de porter un appareil de protection respiratoire ». La dangerosité du Lasso avait été établie dès les années 1980, conduisant à son interdiction au Canada, en Grande-Bretagne et en Belgique, bien avant son retrait du marché français, en 2007.[/citation]