Pourquoi tant de gens croient aux théories du complot

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On a rarement lu un article aussi stupide concernant la question du complot et des conspirationnistes, un article aussi débile parmi les innombrables autres qu’il nous a été donné de lire durant plus d’une décennie. On connaît toutes les ficelles du métier : mettre en gros titre et en lumière les reptiliens pour discréditer toute réflexion ; expliquer que la théorie du complot simplifie la réflexion alors que c’est exactement l’inverse tant il est évident qu’il est beaucoup plus simple de croire à la version officielle et de dormir sur ses deux oreilles. On accuse aussi les théoriciens du complot d’être des fainéants au motif qu’ils choisissent des scenarii qui les confortent, ce qui est une fois de plus l’exact opposé de la réalité, car il n’y a absolument rien de réconfortant ni de rassurant lorsque l’on comprend que des sectes mafieuses contre la politique et que ce sont bien les banksters qui dominent le monde.

Mais cet article fera encore plus fort en essayant de relier le complot au créationnisme ! Quelle découverte ! Il fallait être professeur à l’université de Fribourg pour sortir une telle banalité ! Évidemment que la religion est directement liée au complot, celui de Satan. Mais il semble que la journaliste qui a produit ce papier indigent ne connaisse vraiment rien à son sujet.

En réalité nous répondrons à son article après avoir ajouté un point d’interrogation au titre. Si beaucoup de personnes dont énormément d’universitaires, de médecins, d’ingénieurs, d’avocats, de dentistes, de pharmaciens, de comptables… parmi les professionnels les plus diplômés de France croient au complot c’est tout simplement parce qu’ils se souviennent du nuage de Tchernobyl qui s’était arrêté à la frontière, ils se rappellent tous les crimes de la loge maçonnique italienne P2 de Licio Gelli, ils connaissent tous les magouilles criminelles de la Françafrique qui vampirise tout un continent, ils ont lu également la République des mallettes de Pierre Péan ou bien Rose mafia de G. Dalongeville ! Ils connaissent tous l’existence des Skull n’ Bones après avoir lu l’excellent livre d’Anthony C. Sutton ou celle du club secret du Bilderberg, du CFR, du Siècle dont les médias ne parlent jamais on se demande pourquoi ! On peut parler également du complot de Big Pharma concernant la grippe A H1N1 qui a coûté 2 milliards d’euros au Trésor public français alors que tout le monde savait que la pandémie a été créée de toutes pièces. Faut-il rappeler également le nombre extraordinairement élevé de complots et de coups d’états fomentés par la CIA dans une multitude de pays une fois leurs présidents, légalement élus, assassinés, car ayant résisté à l’impérialisme Yankee !

Faut-il ajouter que cette problématique du complot est une question typiquement occidentale car 90 % de la planète y adhère comme d’ailleurs 90 % de la planète croit en Dieu et au créationnisme. Démocratiquement, donc quantitativement, les théoriciens du complot ont raison et de très loin. Il n’y a vraiment que quelques clowns ridicules pour affirmer le contraire tout en se rendant compte d’ailleurs que le peuple n’y croit plus mais ils ne peuvent pas faire autrement…


Les idées complotistes, si farfelues soient-elles, fascinent.
Parfois, on est tenté d’y croire et on a l’impression qu’elles contiennent « un fond de vérité ». C’est parce que nous avons tous en commun un défaut de raisonnement, une façon de penser instinctive, qui est à l’origine de croyances illogiques.

« Rien n’arrive par hasard… » « Ça ne peut pas être une coïncidence… » Que ce soit dans un dialogue de film ou dans une conversation ordinaire à la maison, les petites phrases de ce genre, nous les avons déjà tous entendues. Parfois, nous les avons même pensées et répétées. Méfiance : cette façon de penser instinctive peut mener à des idées farfelues, voire carrément fumeuses et dangereuses.

Un raisonnement erroné

Le raisonnement instinctif dont il est question ici, c’est ce que les scientifiques appellent la « pensée téléologique », c’est-à-dire une tendance à voir un but profond, une intention, une finalité, voire un dessein caché, dans des événements naturels, aléatoires, banals. C’est un biais cognitif, un raccourci de la pensée, qui semble logique mais est souvent à la base de jugements erronés.

« Nous y avons tous recours à un certain degré, explique le professeur de statistiques et de psychologie Pascal Wagner-Egger de l’Université de Fribourg, en Suisse. Par exemple, quand nous étions enfants en voiture et que l’on était persuadé le soleil ou la lune nous suivait… Nous donnons une explication immédiate, instinctive, à ce que nous ne pouvons pas expliquer. »

Le refus du hasard

Dans une étude franco-suisse publiée le 20 août dernier dans la revue scientifique Current Biology, le professeur Wagner-Egger et trois de ses collègues chercheurs démontrent notamment que cette façon de penser instinctive est à l’origine de deux croyances : le conspirationnisme et le créationnisme.

Les conspirationnistes sont des gens qui interprètent l’histoire et l’actualité comme le résultat d’agissements d’un groupe occulte ou d’un complot mené dans l’ombre. Les créationnistes, eux, pensent que les êtres humains et la vie sur Terre ont été créés par un ou plusieurs êtres divins ou surnaturels dans un but précis.

Conspirationnistes et créationnistes ont un point commun : « Dans ces deux croyances, on refuse la possibilité du hasard. On pense qu’il est impossible que la vie humaine ait évolué par hasard, comme il semble impossible que la princesse Diana puisse avoir perdu la vie dans un simple accident de la route », explique le professeur suisse.


Il existe encore de nombreuses personnes qui ne croient pas que l’homme a marché sur la Lune. Un exploit scientifique et technique pourtant prouvé et démontré maintes fois. (Photo : WikiCommons)

Une enquête transfrontalière

Pour mieux cerner le phénomène, l’équipe de chercheurs s’est penchée sur trois séries de données, recueillies auprès de plus de 2 000 personnes en France et en Suisse.

Ils ont commencé par sonder une centaine d’étudiants en Suisse. Ces derniers devaient répondre à un questionnaire incluant des affirmations téléologiques et conspirationnistes, mais aussi à des questions destinées à évaluer leur pensée analytique et leurs convictions magiques ou ésotériques. Les résultats montrent qu’il existe une corrélation modérée, mais significative, entre la pensée téléologique et la propension à croire aux théories du complot.

Dans un second temps, les universitaires ont analysé les réponses de 1 250 Français à un sondage Ifop paru début janvier, qui révélait que près d’un Français sur huit croit au moins à une théorie du complot. Les scientifiques constatent également une corrélation significative entre les croyances conspirationnistes et le créationnisme.

« Dans cet échantillon représentatif de la population française, nous avons trouvé 271 conspirationnistes et 235 créationnistes, résume Pascal Wagner-Egger Parmi ceux-ci, 132 partageaient des croyances plutôt communes, soit près de 11 % des personnes sondées. C’est une grosse minorité, assez importante et significative. »

Enfin, les chercheurs ont recruté 700 participants en ligne et leur ont demandé de répondre à un nouveau questionnaire afin de démontrer ce lien entre pensée téléologique, créationnisme et conspirationnisme. Les résultats obtenus vont là encore dans le même sens, indépendamment d’autres variables comme la religion, l’âge, le sexe, l’orientation politique et le niveau d’éducation.


La lettre Q, souvent vue dans la foule des meetings de Donald Trump, fait référence à un ensemble de théories du complot selon lesquelles le président américain serait en contrôle total de tout ce qu’il se passe dans le pays. (Photo : Rick Lomis / AFP)

Penser de façon analytique, un vrai défi

Combattre les idées intuitives – que celles-ci mènent ou pas à des croyances conspirationnistes ou créationnistes – reste un vrai défi. Parce que justement : ce qui est instinctif, c’est facile, c’est ce qui semble « vrai » et « logique », même quand ça ne l’est pas.

« C’est ce qu’on appelle le « système 1 » et c’est cette façon de penser qui nous a permis de survivre pendant des milliers d’années, quand l’homme était encore chasseur-cueilleur et qu’il avait besoin de savoir comment réagir rapidement quand il sentait le danger,explique le professeur Wagner-Egger. En utilisant le « système 2 », c’est-à-dire la pensée analytique, qui est plus lente, il se serait fait dévorer ! Cette dernière façon de penser nous est certes plus utile aujourd’hui, mais elle demande aussi plus d’efforts… On le sait tous, les maths, ça fait mal à la tête ! »

La pensée instinctive ne peut être combattue qu’avec difficulté, par l’éducation, chez les enfants comme chez les adultes. Les résultats de cette recherche peuvent avoir des implications importantes pour l’enseignement des sciences, ainsi que pour le développement de l’esprit critique.

Ils pourraient aider à mettre en place des politiques pour […]


Clémence Labasse – Ouest France

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