Ah ! cette maudite rançon d’un prétendu progrès ! Là c’est pire qu’une rançon, c’est une véritable mutilation qui a frappé des dizaines de patients opérés des yeux. Perdre un œil est en soi une catastrophe et seul celui qui en est victime peut en mesurer le dommage. La question qui se pose avec acuité est pourquoi les autorités sanitaires ont-elles attendu si longtemps pour réagir ? Le produit incriminé — ala octa — se présentant sous la forme d’une solution aqueuse utilisée dans la chirurgie de la rétine, est un composé fluorocarbone, le perfluorooctane (C8 F18). Il est présenté par son fabricant comme « chimiquement et physiologiquement inerte et absolument non toxique« . Pour ma part, la seule présence de fluor dans ce composé suffit à susciter la méfiance. En effet, j’ai toujours mis en avant le danger représenté par l’utilisation du fluor en médecine. Ces accidents ont été rendus possibles par la précipitation dans l’usage d’un produit nouveau, avant même d’avoir acquis la certitude totale de son innocuité. Le précepte fondamental de la médecine Primum non nocere qui définit le but du médecin comme étant sous-tendu par deux choses essentielles : être utile ou du moins ne pas nuire » a été là encore non observé. Ce précepte était déjà en vigueur plus de 4 siècles avant notre ère. C’est dire que sur le plan moral et éthique, l’homme, essentiellement mû par le souci du profit, a plutôt involué,
Au total, 41 cas de personnes affectées ont été répertoriés dans différents établissements sanitaires d’Espagne, en particulier au Pays basque
Treize patients espagnols ont perdu la vue d’un œil et 28 autres ont été affectés par l’usage d’un produit de chirurgie ophtalmique fabriqué en Allemagne, ont annoncé les autorités sanitaires espagnoles samedi.
« Le lendemain, je ne voyais plus rien de l’œil gauche »
Dans un communiqué, l’agence espagnole du médicament et des produits de santé (Aemps) a fait état de « 41 cas de personnes affectées par l’usage du produit de chirurgie Ala Octa, retiré par le ministère espagnol de la Santé en juin, et soupçonné d’avoir provoqué des pertes de la vue pour plusieurs personnes ».
Le Pays basque espagnol particulièrement touché
« Ils m’ont opéré le 2 juin à l’hôpital public de Saint-Sébastien (Pays basque espagnol), et le lendemain, je ne voyais plus rien de l’œil gauche », explique Mikel Gonzalez, 44 ans. « Un mois et demi plus tard, ils m’ont dit que c’était un mauvais produit qui m’avait rendu aveugle d’un œil ». Dans cette région autonome, « au moins, le service de santé a reconnu les cas. J’espère qu’ils nous indemniseront », indique Mikel Gonzalez qui continue à travailler dans un bureau. Des patients ont souffert d‘autres complications : nécrose rétinienne, atrophie du nerf optique, diminution de l’acuité visuelle, inflammations…
Au total, 41 cas ont été répertoriés dans 11 établissements sanitaires d’Espagne, en particulier au Pays basque.
Produit retiré de la vente
L’agence espagnole avait lancé l’alerte le 26 juin, en annonçant que le produit Ala Octa fabriqué par Alamedics GmbH pour la chirurgie de la rétine était retiré du marché. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a fait savoir le 23 septembre sur son site internet que ce produit était retiré de la vente. Outre les patients affectés en Espagne, le laboratoire allemand évoquait « un cas en Italie ». Les responsables d’Alamedics n’ont pu être joints samedi par l’AFP. Mais le produit figure toujours sur le catalogue de cette société allemande qui met en avant son caractère « absolument non-toxique ». Le quotidien espagnol El Pais a mis en cause samedi « le retard » pris par l’entreprise et les médecins pour faire part de leurs soupçons vis-à-vis de ce produit.
Sud-Ouest.fr / AFP