Les accusations sont au delà de l’imaginable et pourtant, le journaliste algérien Hichem Aboud affirme en détenir les preuves irréfutables. Dossier à lire pour y voir un peu plus clair et se faire son idée sur ces affaires.
Ancien patron de Mon Journal et de Jaridati, Hichem Aboud, établi en France avec sa famille depuis la fermeture par l’État de ses deux journaux, est le journaliste qui a révélé l’affaire des poursuites judiciaires engagées par l’algérien et chercheur de la NASA, Mouloud Meghezzi et la société américaine CHASS LCC contre Khaled Nezzar et fils.
Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé à La Voix d’Algérie, Hichem Aboud, revient avec plus de détails sur cette affaire.
Vous êtes le premier journaliste à avoir révélé l’histoire des poursuites judiciaires enclenchées par la société américaine CHASS LCC et le chercheur algérien Mouloud Meghezzi contre l’ancien ministre de la défense, le général Khaled Nezzar. Son fils vous a répondu dans une conférence de presse et a déclaré que « vous êtes à la solde des internationaux qui vous paient pour vous attaquer à l’Algérie ». Qu’elle est votre réaction ?
Ma réaction est simple. Quand on attrape un voleur la main dans le sac, il doit prouver son innocence et non pas se mettre à injurier celui qui l’a attrapé. Mais quand on est pris la main dans le sac, on n’a aucun argument pour se défendre que de proférer des injures et lancer des accusations sans fondement aucun. Quand on est à la solde d’une partie étrangère on doit au moins bénéficier d’un certain standing de vie, posséder au moins un petit appartement et une petite voiture et un petit capital. Dieu merci, je ne possède rien de tout cela. J’ai investi dans l’éducation de mes enfants et ils me le rendent bien contrairement à Khaled Nezzar dont aucun des enfants n’a réussi à obtenir le bac.
Cependant et juste pour apprendre au fils de Nezzar de ne pas suivre le chemin de son père, celui du mensonge, je vais lui intenter une action en justice à Alger pour l’inviter à apporter les preuves de ses assertions. C’est, aussi, pour lui apprendre à ne pas se mesurer aux hommes. Sinon, je n’ai pas à lui répondre. C’est un délinquant notoire. Et quand je dis que c’est un délinquant, j’avance mes preuves. Je vous invite à publier le PV de jugement du tribunal de Cheraga qui l’avait condamné, le 2 janvier 2017, à 1 an de prison ferme pour agression, coups et blessures à l’arme blanche. Condamné, donc, pour un comportement de voyou.
Pouvez-vous résumer le dossier pour nos lecteurs afin de leur permettre de comprendre cette affaire ?
L’affaire se résume à une escroquerie contre le chef du projet du WIMAX qui est le cousin des enfants de Nezzar. Sa tante maternelle est la défunte épouse que Nezzar avait assassinée. D’ailleurs tous ses enfants sont, à ce jour traumatisés par le crime commis par leur père.
Donc, ce cousin qui répond au nom de Meghezi Mouloud dit Hamza est un chercheur à la NASA aux USA dans le domaine des télécommunications. À la fin de l’année 1999, il avait proposé à ses cousins la réalisation d’un projet dans le domaine de l’internet sans fil. Ils s’étaient mis d’accord pour la création d’une société dont il tiendra 25%, ses 4 cousins (Lotfi, Lamia, Soumia et Sofiane) se partageront 55% et la banque Société Générale qui devait financer le projet détiendrait 20%. Il n’a jamais été question de l’association de Khaled Nezzar ni de son épouse Hassiba ou sa fille Nassila née de son second mariage.Après avoir mené en bateau l’initiateur du projet, les Nezzar ont réussi à introduire leur père et leur belle mère ainsi que leur demi-sœur en leur octroyant les 20% de la banque et 20% pris des 25 de leur associé. Ce dernier se retrouve avec 5 % alors que c’est lui le véritable chef du projet et son initiateur. Les enfants de Nezzar, tous des analphabètes n’ont aucune relation avec cette technologie moderne. Ce dernier a fini par déposer plainte contre la famille Nezzar et le notaire Krim Leïla pour escroquerie, faux et usage de faux. Les détails de l’affaire sont sur le site de Mon journal-Jaridati :
[http://www.monjournal-dz.com/actualite-/l-escroquerie-du-general-nezzar.html]
Ceci en ce qui concerne la première affaire. Aucun media algérien n’avait accepté d’en parler. Pourtant, l’affaire est connue et il suffit de se rendre au greffe du tribunal de Bir Mourad Raïs pour savoir qu’elle est en instruction. Malheureusement, le juge d’instruction qui a enregistré la plainte depuis le 27 avril n’a pas convoqué un seul membre de la famille Nezzar bien que le plaignant ait payé la caution réglementaire. Nous sommes les seuls à avoir parlé de cette affaire. Je comprends la rage des Nezzar qui voulaient l’étouffer par tous les moyens.
Il y a, aussi, une deuxième affaire. Une plainte déposée par la société américaine CHASS LCC pour non règlement d’une facture qui s’élève à plus de 8 millions d’Euros :
[http://www.monjournal-dz.com/actualite-/general-khaled-nezzar.html]
La plainte a été déposée à New York. Là, aussi, nous sommes les seuls à en parler. TSA a publié les détails de cette affaire. Mais, il a retiré l’article tout récemment. Certainement, ils ont été menacés.
Comment et sur quelles bases avez-vous construit ce dossier ?
Dieu merci, j’ai une crédibilité qui me permet de jouir de la confiance des gens. Devant la passivité et l’autocensure que pratique la presse stipendiée, les gens me sollicitent et me fournissent les informations que les autres medias refusent de publier. Pour cette affaire, par exemple, tous les grands journaux et toutes les chaînes TV ont été saisis par le plaignant de manière directe ou indirecte. Personne n’a voulu publier. Les uns invoquent le fait que les Nezzar sont leur fournisseur Internet. Les autres font semblant d’ignorer. Et une troisième catégorie de zélés, exigent des preuves comme si celles dont nous disposons ne suffisaient pas. Maintenant, ils ont la meilleure des preuves : la réaction des Nezzar qui organisent une conférence de presse pour répondre à un journal électronique dont le patron est exilé et objet de deux mandats d’arrêt. C’est malheureux de constater que le monde de la presse en Algérie s’est de plus en plus pourri depuis qu’il a été infesté par une faune qui pratique la prostitution gratuite. On diffuse des infos des plus loufoques du genre « Hichem Aboud est-il rentré en Algérie ? » comme si rentrer en Algérie était un crime à retenir contre moi. Ou « Hichem Aboud a obtenu un passeport algérien et son mandat d’arrêt annulé ». Comme si sur 40 millions d’Algériens il n’y a que Hichem ABOUD à surveiller et voir s’il a commis le crime d’obtenir un passeport algérien. Qu’en serait-il s’il obtenait un passeport français ou marocain ou tunisien ? Il leur manque de dire que le fait qu’il voyage avec un passeport de réfugié délivré par l’OFPRA est une preuve de la main étrangère qui le manipule. Je me demande comment cela leur a échappé. Quant à l’annulation du mandat d’arrêt, l’auteur de cette ineptie ignore d’abord qu’il ne s’agit pas d’un seul mandat mais de deux et d’autre part, il prouve qu’il n’a rien à voir avec cette noble corporation. S’il n’était pas un intrus dans cette corporation il se serait battu pour que plus jamais on contraigne à l’exil un journaliste pour avoir dit la vérité. Malheureusement, c’est cette faune de prostitués de la plume qui sévit de plus en plus et qui a sali le noble métier de journaliste.
Ces derniers jours, beaucoup d’informations et révélations circulent sur les entreprises que possèdent les enfants, les femmes et les parents de grandes personnalités de l’État. Qu’avez-vous à nous dire sur ce sujet ?
Ce n’est pas nouveau. Dans la mafia des généraux que j’ai publié en 2002, j’avais évoqué le sujet en donnant des exemples. J’avais évoqué, le sujet dans Racines d’Outre-Med’ un journal électronique en parlant notamment de la fille du général Smaïn, Amel Lamari qui avait construit une usine de fabrication de médicaments. J’avais écrit sur le sujet du vivant de son père alors qu’il était le numéro 2 du DRS. Mais, la presse ne suivait pas. J’avais parlé des enfants du général Mohamed Lamari et du général Ghenim l’ex-SG du MDN.
Or, ces derniers temps, le fait que ce qui se publie par un site nouvellement créé est vite relayé par d’autres media ça me laisse douter. Il y a anguille sous roche. Mais, cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas publier ce genre d’information même si ça rentre dans le cadre d’un règlement de comptes entre gens du pouvoir. Tant pis pour eux. À nous petit peuple de profiter de leurs querelles.
Interview réalisée par Karim Djerrou.