Une affaire extraordinairement grave est en train de secouer l’État algérien ainsi que tous les services de sécurité puisque quasiment tous les responsables ont été limogés, en raison de l’énormité du scandale. Il est question comme vous en avez certainement entendu parler d’une prise de 701 kg de cocaïne. Le dénommé Kamel Chikhi alias « Kamel el bouchi », suspecté d’être à la tête de ce trafic détenait chez lui des dizaines de vidéos dans lesquelles il filmait ses transactions avec de hauts responsables qu’il n’hésitait pas à corrompre.
Mohammed Elias Rahmani, ancien officier du renseignement explique qu’il n’est pas question d’un simple trafic de cocaïne destinée à la consommation mais bien de narco-terrorisme, à l’ancienne, comme sait très bien l’organiser la CIA, et dont les commanditaires seraient, selon lui, les pays du golfe.
La cocaïne saisie à Oran tient d’une affaire de narco-terrorisme et l’enquête a permis de mettre à jour l’existence d’« un réseau d’espionnage et d’influence » impliquant l’entourage familial de grands responsables de l’État, selon un haut gradé des services de renseignement à la retraite.
C’est ce qu’a affirmé, lors d’une interview accordée à Sputnik, Mohammed Elias Rahmani, un haut gradé des services de renseignement algériens à la retraite, qui considère que la cocaïne saisie à Oran tient du narco-terrorisme et constitue une attaque à caractère paramilitaire contre l’Algérie orchestrée par des pays tiers.
Selon lui, les premiers résultats de l’enquête, que mènent la sécurité militaire et la DCSA, ont révélé l’existence de réseaux d’espionnage en Algérie au profit de ces pays qu’il refusera de nommer. Néanmoins, quelques indices distillés parcimonieusement écartent les puissances occidentales et semblent plutôt indiquer les pays du Golfe.
Il déplorera en effet que des pays « qui gardaient des chèvres » se permettent aujourd’hui de noyauter tous les rouages de l’État algérien, à tous les niveaux, mettant en cause la restructuration des services de renseignements algériens effectuée ces dernières années.
L’officier explique l’intervention de l’armée dans l’interception de cette cargaison de cocaïne en lieu et place de la police nationale et des services des douanes par le fait que les renseignements concernant cette affaire ont été transmis aux services secrets algériens par « une entité franco-espagnole », dans le cadre de la coopération dans la lutte antiterroriste.
Les services français et espagnols auraient identifié le mode opératoire des réseaux utilisant la drogue comme moyen de paiement pour l’achat d’armes, « largement pratiqué par les narco-terroristes en Afghanistan et par les FARC en Colombie. »
« Les Espagnols et les Français n’avaient aucun intérêt à arrêter le bateau eux-mêmes, car ils voulaient savoir qu’elle était la destination de la cocaïne et à quoi elle allait servir », a déclaré l’ancien officier, rappelant que « la France est impliquée militairement en Afrique et en Libye » et que, pour elle, « le problème est beaucoup plus grave qu’une histoire de drogue destinée à la consommation. »
Les connexions du premier concerné dans cette affaire, « Kamel le boucher », ont permis aux enquêteurs de la DCSA de découvrir « qu’il y avait un réseau d’espionnage et d’influence, qui a même réussi à recruter des fils de hauts dignitaires et responsables de l’État, pensant qu’ils faisaient du business avec Kamel Chikhi », a-t-il encore affirmé.
Les enquêteurs étudient également, selon lui, la piste, du « recrutement à caractère idéologique et religieux. » « Le faisceau d’indices recueillis par les officiers des services algériens montre effectivement que certains pays sont derrière cette opération. »
Rappelons que le 29 mai dernier, les forces navales algériennes ont saisi 701 kg de cocaïne à bord d’un bateau à Oran supposé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi, surnommé « Kamel le boucher. »
L’inculpation de ce dernier avec plusieurs magistrats et hautes personnalités, dont le fils d’un ancien Premier ministre ou encore plusieurs maires et walis, pour trafic d’influence et le limogeage du directeur général de la Sûreté nationale, le général Abdelghani Hamel, sont loin d’avoir révélé tous les secrets de cette affaire sans précédent.
M.A.B. – Algérie Monde Infos