Pourtant personne n’est mort, ils ont même pu jouer ! Ce qui démontre que la maladie n’est pas si grave car être positif ne signifie pas être malade ; l’hypocrisie autour de cette affaire est impressionnante.
« Vous jouez à Wimbledon votre 62e Grand Chelem de suite, record de Ai Sugiyama égalé. Est-ce une stat qui compte dans une carrière ?
Bah quand même ! En plus si tout va bien, j’égale le record là, mais j’espère le dépasser à l’US Open. C’est quand même une sacrée preuve de longévité. C’est difficile de ne pas rater un Grand Chelem pendant autant de temps, de ne pas être blessée, de ne pas sortir du Top 100 non plus. C’est une preuve de régularité au niveau du classement aussi. J’ai toujours été dans les 50, dans les 100, cela m’a permis de rentrer dans les Grands Chelems sans wild-card. Évidemment que j’en suis fière. J’aurais aimé, bien sûr, avoir de meilleurs résultats en Grand Chelem, mais c’est déjà une très belle chose.
Le fait qu’il n’y ait pas de points attribués à Wimbledon change-t-il l’atmosphère dans les vestiaires ?
C’est à peu près pareil. Je pense que les filles ont envie de bien faire. Beaucoup de filles ne sont pas motivées que par les points, mais aussi par l’argent. C’est sûr que ça perd un peu de sa splendeur qu’il n’y ait pas de points, mais quand j’étais sur le court tout à l’heure, j’avais très très envie de gagner ! Une fois en action, ça ne change plus grand-chose. Dans les vestiaires, c’est toujours pareil, ça peut être très « friendly » et très froid avec certaines. Au final, ça ne change rien.
En amont, cela n’a pas créé une certaine forme de démotivation chez vous ?
Non pas du tout. Ça m’a fait suer qu’ils enlèvent les points car je sais que je peux bien faire sur gazon et ça nous ôte une opportunité de gagner des points. Mais moi, je suis motivée quand je me lève à 7 heures du mat le dimanche pour faire des matches par équipes ! Alors ce n’est pas difficile pour moi d’avoir envie de jouer à Wimbledon.
« Dans les vestiaires, tout le monde l’a eu et on n’a rien dit. Quand ça sort dans la presse, sur des grands joueurs comme ça, ça commence à mettre le feu au lac et ça, ça m’inquiète un peu »
Marin Cilic et Matteo Berrettini ont déclaré forfait après deux tests positifs au Covid. La règle sur ce tournoi est celle de la bonne conduite, aucun test n’est exigé. Qu’en pensez-vous ?Il y a toujours eu des joueurs qui se sont retirés parce qu’ils étaient malades. Je ne veux pas sous-estimer l’effet Covid. Il y a des joueurs qui ont des gastros, des grippes. Certaines années sur des tournois, il y avait des hécatombes de gastros à cause de nourriture pas très fraîche. Il y avait deux, trois, quatre joueurs qui se retiraient, c’était juste pas de chance quoi. On ne va pas mettre un protocole pour les gastros ! Le Covid, maintenant, est entré dans les moeurs, il y a les vaccins etc. Si on repart dans des trucs, moi, je n’y vais pas ! À Roland, il y a eu une épidémie de Covid, personne n’en a parlé. Dans les vestiaires, tout le monde l’a eu et on n’a rien dit. Quand ça sort dans la presse, sur des grands joueurs comme ça, ça va commencer à mettre le feu au lac partout et ça, ça m’inquiète un peu.
Craignez-vous justement que ces cas déclarés engendrent la mise en place en urgence d’un protocole pour la suite du tournoi ?
J’espère qu’ils auront l’intelligence de ne pas faire ça. Déjà qu’ils nous ont enlevé les points. Ce serait le pompon.
« À Roland, je pense qu’il y a eu quelques cas et que c’était un accord tacite entre nous. On ne va pas s’autotester pour se mettre dans la merde ! »
Vous ne ressentez pas de psychose pour l’instant ?Mais de quoi (elle souffle) ? On a payé le prix, on a été dans une bulle pendant un an et demi, on s’est fait tous vacciner, c’est bon. À un moment donné, il faut essayer d’être un peu cohérent sur la façon de procéder. Ça fait partie de notre vie le Covid, c’est comme ça. Il y a des joueurs qui le chopent au mauvais endroit. Je trouve que la psychose serait vraiment mal placée. On a mangé notre pain noir et j’espère que c’est à peu près derrière nous.
À Roland-Garros, certains ont eu le Covid et l’ont tu, selon vous ?
Quand on voit que Krejcikova se retire en disant j’ai le Covid, et que tout le vestiaire est malade. À un moment donné… On a peut-être toutes eu la grippe. Le truc, c’est qu’on a trois symptômes, la gorge qui gratte, on joue et tout va bien, ça va. À Roland, oui, je pense qu’il y a eu quelques cas et que c’est un accord tacite entre nous. On ne va pas s’autotester pour se mettre dans la merde ! Après, j’ai vu des filles porter des masques, peut-être parce qu’elles savaient et ne voulaient pas refiler. Il faut aussi avoir un esprit civique.
Photo d’illustration : Alizé Cornet espère que les deux cas de Covid avérés ne vont pas déboucher sur des mesures de test pour la suite du tournoi. (P. Lahalle/L’Équipe)
D.L., à Londres
28 juin 2022