L’incompétence de l’administration moderne et la légèreté avec laquelle elle gère les deniers publics sont tout simplement époustouflantes de bêtise. Comment est-ce possible ? Comment peut-on rémunérer pendant 30 longues années une personne physiquement absente de son poste de travail, pour rien, pour un travail qui n’a pas été accompli, sans jamais s’en apercevoir ?
Ce médecin a coûté 5,5 millions d’euros à l’hôpital de Quimperlé (Finistère) pour la seule période 2012-2016, selon la chambre régionale des comptes de Bretagne.
Un médecin fantôme, absent depuis 30 ans, mais quand même rémunéré! C’est la folle histoire de gabegie publique dévoilée par la chambre régionale des comptes de Bretagne, dans un rapport publié jeudi. Ce médecin a coûté 5,5 millions d’euros à l’hôpital de Quimperlé (Finistère) pour la seule période 2012-2016.
Le médecin, dont le nom n’est pas cité, avait été nommé chef de service en 1984 au centre hospitalier de Quimperlé, rapporte l’AFP. «Depuis cette date, plusieurs rapports émanant de diverses instances (…) ont relevé des problèmes quant à la manière de servir de ce médecin, mentionnant par exemple «une incompétence avérée» ainsi que des problèmes de comportement, tant vis-à-vis du personnel que des patients, incompatibles avec ses fonctions», indique la chambre dans son rapport. Mais ce dernier est néanmoins resté aux effectifs de l’établissement.
Un coût salarial de 130.000 euros par an
«Outre un déficit d’image, il en est résulté un coût salarial de 130.000 euros par an et une privation de recettes annuelles estimée à 980.000 euros (nldr: liée aux consultations que le médecin aurait dû donner s’il avait été présent), soit un coût total de 5,5 millions d’euros entre 2012 et 2016» pour l’hôpital, résume la chambre régionale des comptes. Les magistrats pointent une «situation irrégulière, liée à une volonté de défense du corps des praticiens hospitaliers» qui «contrevient à l’intérêt général, aux intérêts du système de santé publique et de protection sociale et altère la pérennité financière de l’établissement».
En 2004, l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) a même attribué une enveloppe de 124.000 euros par an à l’hôpital pour «compenser le surcoût lié à ce praticien sans affectation ni activité». En 2010, le directeur de l’hôpital lui a demandé de faire valoir ses droits à la retraite mais ce dernier a refusé. Au 31 octobre 2016, il percevait une rémunération brute de près de 7.400 euros par mois.
Le médecin mis en retraite depuis le 5 janvier 2017
« Suite aux conclusions du rapport de la Chambre régionale des comptes de Bretagne concernant la rémunération d’un médecin absent par le Centre hospitalier de Quimperlé, la Direction de l’établissement tient à préciser que ce dossier a fait l’objet de très longues procédures. Diligentées par les directeurs successifs et les tutelles pour mettre un terme à cette situation, elles n’ont pu aboutir du fait de la grande complexité du dossier », indique Carole Brision, directeur délégué du centre hospitalier de Quimperlé, un communiqué de presse transmis au Figaro.
« Dans l’attente de sa résolution, l’Agence Régionale de l’Hospitalisation a consenti à l’établissement une aide en 2004, qui s’est poursuivie jusqu’en 2014. Après une dernière tentative de solution, tout aussi infructueuse que les précédentes, la Direction de l’établissement a décidé, fin 2016, de cesser le paiement du salaire. À la suite de […]
Guillaume Poingt – Le Figaro / AFP