Ainsi, si on interprète bien le jugement de la cour d’appel, on aurait le droit en tant que Français de tenir un discours haineux et raciste à l’étranger dans la langue locale à partir du moment où les propos tenus ne sont pas diffusés en français dans l’Hexagone ! Cette décision est d’autant plus curieuse que Monsieur Éric Zemmour est un récidiviste des appels à la haine contre les musulmans et leur religion !
On imagine que si l’accusé était d’origine maghrébine et qu’il avait tenu des propos antisémites en arabe dans un journal nord-africain, l’acharnement médiatique aurait été beaucoup plus important et la décision judiciaire certainement plus sévère… Cette décision fera donc jurisprudence.
L’affaire tenait du feuilleton judiciaire. Jeudi, la cour d’appel de Paris a relaxé le polémiste Eric Zemmour, condamné en 2015 pour provocation à la haine envers les musulmans. Il avait tenu ces propos controversés en octobre 2014 dans le journal italien Corriere della Sera à la suite de la parution de son best-seller « le Suicide français ».
La cour d’appel a relaxé le polémiste, « la preuve n’étant pas rapportée de ce qu’il savait que ses propos seraient diffusés en France et sur le site Internet du Corriere della Sera ».
Eric Zemmour avait notamment déclaré au journal italien que les musulmans « ont leur Code civil, c’est le Coran », qu’ils « vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s’en aller ».Un troisième procès
En première instance, en décembre 2015, le tribunal avait condamné le polémiste à 3 000 euros d’amende ainsi qu’à verser des dommages et intérêts à plusieurs associations de lutte contre le racisme.
Ce jugement avait été confirmé en appel en novembre 2016, mais la Cour de cassation avait ensuite annulé la décision d’appel et ordonné un troisième procès, en estimant que la cour d’appel n’avait pas suffisamment justifié sa décision.La polémique avait clos l’émission « Ça se dispute »
Au terme du deuxième procès en appel, les juges ont estimé jeudi qu’« il n’est pas prouvé qu’Eric Zemmour, poursuivi en tant qu’interviewé, savait que ce journal était publié en France », a expliqué la présidente de la cour. « Aucun élément au dossier ne prouve qu’il savait »…