Voici l’interview de Monsieur Fabrice Thomas, auteur du livre Saint Laurent et moi : une histoire intime, paru en octobre 2017, dans laquelle il nous parle des 10 années passées à servir et coucher, aussi bien Pierre Bergé qu’Yves Saint-Laurent. Il faut bien comprendre qu’à l’époque, pour travailler dans la maison Saint Laurent, il fallait obligatoirement passer par le « petit manège » de Monsieur Pierre Bergé, sadique dans les jeux sexuels les plus pervers – longuement détaillés par l’auteur du livre – donnent la nausée voire la chair de poule !
Je me souviens d’un jour, quand j’emmenais Pierre Bergé chez Mitterrand, il m’a dit : « J’ai eu ton père, je t’ai eu, j’aurai peut-être tes fils ». Il pouvait être quelque peu sarcastique. J’ai tout lâché quelques temps après !
« Pierre Bergé a empêché Yves Saint-Laurent de s’exprimer, de vivre »
Co-auteur de Saint-Laurent et moi, une histoire intime (avec la journaliste canadienne Aline Apostolska), Fabrice Thomas était l’invité d’André Bercoff ce jeudi sur Sud Radio. L’occasion pour lui de lever une partie du voile autour de la relation entre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, deux hommes qu’il a côtoyés de très près.Longue de plusieurs décennies, la relation entre Yves Saint-Laurent, créateur de génie du monde de la mode, et Pierre Bergé, influent homme d’affaires et de médias, n’a pas été un long fleuve tranquille, loin de là. Chauffeur de Pierre Bergé entre 1984 et 1989, Fabrice Thomas a ensuite partagé la vie d’un Yves Saint-Laurent déjà affaibli de 1990 à 1993, alors qu’il n’avait encore que 29 ans, soit 25 de moins que le créateur. Co-auteur de Saint-Laurent et moi, une histoire intime (avec la journaliste canadienne Aline Apostolska), il livre aujourd’hui un témoignage édifiant sur l’emprise de Pierre Bergé sur Yves Saint-Laurent et sur lui-même, témoignage qui a mis du temps à convaincre une maison d’édition.
« Pierre Bergé avait une influence terrible sur les médias »
« Cela faisait déjà trois ans que je cherchais à me faire éditer. Ça a été tout un parcours pour rencontrer un éditeur, et j’ai eu vraiment eu de la chance de rencontrer Pierre Bourdon des éditions Hugo, qui m’a ouvert le chemin. C’est un fait : quand Pierre Bergé est décédé, ça m’a libéré. Il y avait une grande omerta sur mon livre. On est en droit en France de s’attendre à une grande liberté d’expression pour ce qui est de la dénonciation d’abus flagrants, mais tout le monde ne parle que du caractère quasi-sacré de Pierre Bergé, qui avait une influence terrible sur les médias et la politique. Je sortais par ailleurs de six ans de procédure avec M. Bergé, et ça faisait fuir tout le monde« , explique-t-il ce jeudi au micro d’André Bercoff sur Sud Radio.
Rapports conflictuels, homosexualité, humiliations… Fabrice Thomas n’élude aucun sujet dans ce livre. « J’avais besoin de sécurité. Mon père m’avait formaté pour subir ce que j’ai subi. Quand je suis rentré chez Pierre Bergé, j’avais déjà une soumission instinctive due au traitement de mon père, aux traumatismes, aux humiliations et aux attouchements qu’il m’a fait subir. Il est certain que Pierre Bergé a profité de mon état, je prendrais cela comme un abus de faiblesse. Mais je n’avais pas d’autres moyens de rentrer dans cette entreprise« , déclare-t-il.
« Yves Saint-Laurent était sous l’emprise de Pierre Bergé »
Pour Fabrice Thomas, la relation entre les deux hommes était très déséquilibrée dans les années 1980-1990, avec un Pierre Bergé qui exerçait une domination considérable sur Yves Saint-Laurent. « En tant qu’être humain, Yves était un homme faible, sous l’emprise de Pierre Bergé qui l’avait vampirisé, qui lui avait pris son âme, son talent, sa fortune. Pierre avait effectué un travail d’isolement sur Yves Saint-Laurent. Je ne sais pas si Yves serait monté si haut sans Pierre Bergé, mais il avait déjà un grand talent, en plus d’une écriture et d’une culture incommensurable. (…) Pierre était un peu satanique. Il a empêché Yves de s’exprimer, de vivre, il l’avait mis dans une bouteille en verre. Tous les gens que j’ai connus comme ayant fréquenté Pierre Bergé en tant qu’hommes ont été détruits ou cassés, dans un mauvais état. Je me souviens d’un jour, quand j’emmenais Pierre Bergé chez Mitterrand, il m’a dit : « J’ai eu ton père, je t’ai eu, j’aurai peut-être tes fils ». Il pouvait être quelque peu sarcastique. J’ai tout lâché quelques temps après« , assure-t-il….