Encore un autre scandale d’enfants disparus en israhell, après l’affaire retentissante des 150.000 à 200.000 enfants séfarades irradiés pour une hypothétique épidémie de teigne entre les années 40 et 60 (lire cet article) ! Cette fois-ci, il est question d’un millier — certainement plus — d’enfants totalement disparus, volés à leurs parents originaires du Yemen ! N’oublions pas non plus les femmes falashas stérilisées du fait que les racistes pathologiques de l’entité sioniste ne voulaient pas que des Noirs se mélangent avec la « race supérieure » du peuple Élu (sic) ! Bref, ce qui aurait dû être un paradis pour les juifs de la diaspora s’est très vite transformé en enfer dirigé par des Mengele aussi sauvages et criminels que les nazis…
Le rav Ouzi Méchoulam zal s’est éteint, il y a quelques jours, à l’âge de 60 ans, après avoir mené durant sa courte vie un combat qui a ébranlé la société israélienne : celui des « enfants yéménites » qui auraient disparu dans des circonstances troublantes aux premières années de l’État d’Israël. L’occasion de revenir sur cette page sombre de notre histoire.
Rappel historique : les pre-mières années de l’histoire d’Israël (1948-1954) sont marquées par une alya massive de Juifs venus du monde entier. C’est dans ce cadre que va se dérouler la fameuse opération « Tapis volant » qui va ramener plus de 50 000 Juifs yéménites en Eretz Israël. Ces olim pour la plupart très religieux sont installés dès leur arrivée, par l’establishment israélien socialiste et laïc, dans des camps d’accueil. Pour des raisons techniques, les parents sont séparés de leurs enfants. Alors que les parents vivent dans des campements de toile, les enfants peuvent bénéficier de conditions légèrement améliorées dans les baraquements. Bon nombre de ces enfants, trop faibles ou malades vont être hospitalisés, soit dans les dispensaires des camps d’accueil, soit dans des hôpitaux dans lesquels leurs parents viennent leur rendre visite. Mais il y a également parmi eux des enfants en bonne santé. Selon de nombreux témoignages qui se recoupent parfaitement, un étrange phénomène se produit, alors : des mères venues voir leurs enfants dans les hôpitaux apprennent de la bouche des médecins et infirmières qu’ils sont décédés et qu’ils ont été immédiatement inhumés. Pourtant, les autorités médicales ne leur fournissent ni preuves, ni certificat de décès et sont incapables de leur dire où leurs enfants ont été enterrés ! Point important : dans une trentaine de cas, la très véhémente protestation des parents aura un effet inattendu et stupéfiant : les autorités finissent par leur restituer leurs enfants après donc avoir prétendu qu’ils étaient décédés ! Si l’on devait se référer aux quatre commissions d’enquête formées pour déterminer quel a été le sort réel de ces « enfants yéménites », un millier d’enfants auraient disparu aux débuts des années 50 dans des circonstances mystérieuses. Le rav Méchoulam zal et ses sympathisants prétendaient, eux, disposer d’informations sur 1 700 enfants disparus et soi-disant décédés. Mais nous sommes à l’époque aux premières années de l’État d’Israël. Les olim du Yémen souvent démunis n’ont pas les moyens d’alerter l’opinion publique. Vers la fin des années 60, un développement étonnant se produit. De nombreux parents originaires du Yémen reçoivent à leur domicile des ordres d’incorporation pour leur enfant disparu ! Cette fois, les pressions augmentent et la Knesset désigne en 1967, une première commission parlementaire suivie d’une seconde et d’une troisième dans les années 80. Ces commissions seront vivement critiquées par l’opinion publique pour leurs travaux. Le dossier des enfants yéménites revient régulièrement à l’ordre du jour, mais uniquement de manière très floue. C’est alors qu’en 1994, le rav Ouzi Méchoulam, lui-même d’origine yéménite, décide d’organiser un coup d’éclat dans le seul et unique objectif de placer les autorités israéliennes face à leurs responsabilités. Le rav Méchoulam se retranche dans sa villa à Yéhoud avec plusieurs dizaines de ses proches dont beaucoup sont d’anciens soldats d’unité d’élite de Tsahal. Ils sont armés et menacent de faire usage de leurs armes. Ils réclament la formation d’une commission d’enquête officielle et nationale qui fera le clair sur le sort des enfants yéménites. Le siège de la villa du rav Méchoulam durera 44 jours au cours desquels près d’un millier de policiers sont mobilisés. Finalement le commandant en chef de la police Assaf Heffets persuadera le rav Méchoulam de le rencontrer à l’extérieur de la villa. Le rav Méchoulam sera alors arrêté. Durant l’assaut des forces de police contre les « soldats » du rav Méchoulam, un très vif échange de feu se produira et l’un d’eux Chlomi Assouline sera tué. En février 1995, le rav Méchoulam est condamné à 8 années de détention pour complot criminel et usage d’armes à feu. Mais il a obtenu gain de cause : une commission nationale est nommée sur le sort des enfants yéménites. Elle rend ses conclusions en 2001 : selon elle, la plupart des enfants disparus, soit quelque 733 sont décédés des suites de maladies et seulement dans une minorité des cas, 53 au total, la commission n’est pas parvenue à recueillir suffisamment de preuves pour déterminer ce qu’il est advenu des enfants. Pourtant certains témoignages sont plus que déroutants (voir encadrés). Ils laisseraient penser qu’une partie des enfants yéménites hospitalisés, en particulier ceux qui étaient en bonne santé, auraient été « adoptés » par des Juifs venus de l’étranger. Il s’agirait dans certains cas de rescapés de la Shoah sans enfants et qui seraient donc, peut-être à l’initiative des autorités israéliennes de l’époque, venus choisir un enfant dans ces hôpitaux. L’affaire des « enfants yéménites » reste aujourd’hui encore l’une des pages sombres de l’histoire de la création de l’État d’Israël. Quant au rav Méchoulam, il a passé 5 années en prison et a été libéré après avoir été amnistié par le président de l’époque Ezer Weitzman. Au cours des dernières années, sa santé s’est considérablement dégradée. Il a été inhumé aux côtés de son grand-père, le Mékoubal rabbi ‘Haïm Sinvani zatsal qui fut l’un des leaders de la communauté yéménite en Israël.
Daniel Haïk