Le chanteur marocain Saad Lamjarred lors d’un concert au festival international de Carthage (Tunisie), le 30 juillet 2016. (FETHI BELAID / AFP)
Accusé de viol en France mais également aux USA, on se demande bien pourquoi le roi du Maroc se mêle d’une affaire aussi glauque, un fait divers sexuel des plus sordides. Est-ce le rôle d’un souverain digne de ce nom, d’un Makhzen dont le pays est secoué par des manifestations populaires aux revendications lourdes et sérieuses ?
Ce qui est navrant, c’est qu’au delà de cette prise en charge grotesque d’un individu plein aux as, le souverain chérifien s’implique dans une affaire de droit commun relevant de la seule justice, en prenant fait et cause pour son sujet, devenu son poulain, alors que ce dernier est loin de se conduire en digne ambassadeur du Maroc, pétri des principes et valeurs de son peuple.
Quant à l’avocat du chanteur, Me Brahim Rachidi, qui ose parler de “machination algérienne” contre “l’intégrité territoriale du Maroc” nous lui conseillons de se faire soigner au plus vite, si vraiment il y croit. Nous lui rappelons juste que jouer cette carte est vraiment inconscient et imbécile, les peuples frères algérien et marocain n’ont pas besoin de ce genre de manipulations crapuleuses et ne céderont pas aux sirènes de la propagande, source de division.
Le roi du Maroc vole au secours du chanteur Saad Lamjarred.
Mohammed VI va prendre en charge les frais de justice de la star marocaine, mis en examen en France pour “viol aggravé” et “violences volontaires aggravées”. Le roi a choisi de faire appel à l’avocat Éric Dupont-Moretti, précise la MAP, l’agence de presse officielle du royaume, lundi 31 octobre.
“La famille de Saad Lamjarred a sollicité le soutien de SM le roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, qui a bien voulu répondre favorablement, a annoncé le manager de l’artiste à l’agence, dans le cadre de la présomption d’innocence et dans le respect de l’indépendance de la justice française”.
La plaignante souffre de “lésions traumatiques”
Le chanteur a été arrêté mercredi à l’hôtel Marriott des Champs-Élysées, selon Le Monde, avant d’être placé en garde à vue. Une jeune femme de 20 ans dit avoir été agressée dans la chambre d’hôtel du chanteur, et a déposé plainte. Elle “souffre de lésions traumatiques et est fortement traumatisée. Son récit est tout à fait crédible à ce stade”, a relevé une source proche de l’enquête.
“Mon client conteste l’ensemble des faits qui lui sont reprochés”, a réagi l’avocat du chanteur, Jean-Marc Fedida, dès vendredi. Selon lui, Saad Lamjarred avait rencontré la jeune femme dans une boîte de nuit parisienne. Agé de 31 ans, Saad Lamjarred avait consommé de l’alcool et des stupéfiants au moment des faits, selon les premiers éléments de l’enquête.
Déjà mis en cause dans une affaire aux États-Unis
Le chanteur a déjà été mis en cause aux États-Unis dans une affaire de viol datant de 2010, dans laquelle il nie toute implication. Son arrestation a fait au Maroc les gros titres de la presse marocaine. “Nouvelle affaire de viol pour Saad”, a titré le quotidien arabophone marocain Al-Ahdath. Pour Le Matin, pas de doute, Saad Lamjarred est tombé dans un “traquenard”.
L’avocat marocain du chanteur, Brahim Rachidi, va encore plus loin dans la théorie du complot, puisqu’il évoque la thèse d’une “machination algérienne”contre “l’intégrité territoriale du Maroc”, en référence au conflit du Sahara occidental, contrôlé par Rabat et dont les indépendantistes du Front Polisario soutenus par Alger réclament l’indépendance.
France TV Info