Dans le flot des manifestations de ce janvier, et la boue des meurtres et des destructions de biens qui réjouissent l’entité sioniste, laquelle s’en porte mieux, mise à part cette épine dans son pied qu’est la victoire irako-iranienne de Tikrit en cette veille de printemps, l’on ne remarque pas assez que l’étau idéologique, surtout en France, dans un beau pays perdant son nom et devenu « la République », se resserre contre la religion en général, l’islamisme ou Mahométisme, comme on l’écrivait à l’ère classique, pour faire un parallèle avec le Mosaïsme et le Christianisme, Bouddhisme, Wotanisme, étant publiquement, dans son essence, attaqué afin d’être déraciné.
Il y a lieu de regretter qu’aucune autorité musulmane française ou européenne ne prenne l’ampleur et la concertation de ces attaques au sérieux, car elle est conduite avec de grands moyens. Le conservatisme et la paresse en sont la cause, car les religions reposent aussi sur des habitudes qui deviennent des préjugés de raison, par lesquels l’on croit évident ce qui ne relève que de la démonstration et en matière historique, de la plus grande probabilité sans parvenir jamais à de la certitude, selon une observation exacte de Voltaire.
Ce qui distingue la partie chiite du dit sunnisme, les deux étant variés comme tout ce qui ressort de la liberté humaine, est son armature philosophique plus développée, qui lie les personnes sacrées à des idées logiques, qui sont des étapes de l’Esprit, bref à une vision du monde emboîtée dans une réflexion sans fin. C’est la même chose qui a armé les églises catholiques et réformées en Occident et en Orient, et les rend insaisissables à tout effort d’anéantissement.
Le vieux dicton que la philosophie est la servante de la théologie, a trop masqué une évidence de fait plus importante, que la religion s’assied sur la théologie ou la logique générale, sans laquelle les faits produits par la tradition et les textes sacrés sont absorbés par l’imagination, comme une eau qui pourrit les boiseries.
Deux femmes sont sorties d’un puits et son accueillies par les bons esprits, dont le Pape contemporain Benoit XIV, écrivait Voltaire, ce sont la Raison et sa fille, la Vérité. Sans elles, la maison de la Religion et de la Politique, comme des Arts deviendrait un lieu de disputes et non un havre de paix, de travail et de perfection, sans lesquels la sainteté ou l’esprit héroïque, du plus humble à l’artiste ne peuvent se nourrir, passer de l’imagination adolescente à l’équilibre de l’adulte.
Une offensive très violente contre la personne ou personnalité du noble Prophète, à ne point confondre avec son individualité, est la prétention de son inexistence. Ce qui semble absurde aux yeux d’un croyant, l’est moins si l’on sépare l’essence ou l’être, la substance prophétique de la définition ou du concept d’un individu. Le second est matière purement historique et ne saurait affecter le premier relevant non plus du temps, mais de l’éternité, de ce qui échappe à la corruption. C’est en ce sens que la philosophie a parlé de l’immortalité de l’âme, que les Juif eurent toujours quelque mal à assimiler, prétendent les bons auteurs.
Certains penseurs idéalistes ont la ressource de tout traduire en symboles, et c’est le cas de René Guénon devenu Égyptien musulman, qui voit tout dans une tradition primordiale qui suivrait une courbe descendante ! Le centre spirituel de l’humanité serait, dans ces conditions, partout où quelque lueur de la révélation primordiale de Dieu à l’humanité se manifesterait. Cette conduite ambitieuse et aisée à la fois décrirait vite les formes contemporaines de vie spirituelle comme de pâles copies d’un original insaisissable, le monde étant entraîné, tel un corps languissant, dans une chute collective, celle même que l’Antéchrist annoncé accélère.
Ce même raisonnement pessimiste de la chute ou de l’écart grandissant entre la norme et l’existence, se retrouve dans toutes les Églises ou assemblées religieuses, et il laisse la foi désarmée contre les attaques positives faites contre les livres et les personnes sacrées, rendues trop matérielles et par conséquent fragiles.
L’on n’a pas assez remarqué que l’islam a été l’objet d’études qui ont nié non pas sa valeur morale, car l’héroïsme et la sainteté sont partout, comme un vent divin qui s’engouffre, mais sa réalité matérielle, ses assises, et que la constitution de l’islamisme actuel, réédition du wahhabisme et de la fraternité musulmane choyée par l’Angleterre et sa fille américaine, accélère les conclusions nihilistes portées contre la religion.
Ce mot « latin » de nihiliste vient de certaine période de la fin du Moyen Age, à accepter la dénomination classique séparant nos Temps Modernes d’une antiquité donnée, et il désigne ceux qui tiennent pour rien (nihil) de réel, la personne du Christ, d’Issa ou Jhésus, comme on écrivait ce nom autrefois, ensuite le terme désignera une fiction que l’on fait prendre pour de la réalité, mais que l’on sait fausse ; tel est le sens du mot dans Nietzsche dirigé contre les philosophes.
Or l’islamisme que nous présente l’actualité, destructeur, même apparent seulement, des monuments culturels et sacrés, et l’étant réellement des lieux de sépulture et de prières des saints personnages, veut nier tout ce qui n’est pas une interprétation terre à terre, directe, matérialiste ou trop matérielle et détaillée des textes sacrés. Il ne voit pas que la piété est une allégorie qui consiste à lire le monde comme ce qu’il est vraiment, à savoir un signe d’une autre réalité que l’intuition découvre et que la logique rationnelle consolide comme une charpente, cependant que notre entendement quotidien se meut dans l’espace et le temps.
L’islamisme moderne est en réalité une stupidité qui permet à des polémistes destructeurs, commissaires politiques maçonniques, cela va de soi, de déconsidérer toute pratique religieuse comme fondée sur les choses sans fondement et ne subsistant que par la violence : ainsi suffira-t-il de démontrer que la Mecque n’a point été jadis ce que l’on nous dit, pour entraîner des désertions en masse de la foi trop liée à l’apparence matérielle.
Cela est possible au sein d’une jeunesse formée à prendre un fait pour ruineux de l’idée qu’elle ne le tient que pour un exemple et non un principe. C’est sur la base d’un matérialisme religieux que s’édifie présentement un second matérialisme plus compact, qui arrache des cerveaux la capacité d’allégoriser, d’interpréter le monde comme un signe d’une réalité que nous ne pouvons qu’entrevoir, et n’expérimentons que dans la conscience morale, dans celle de la loi morale. C’est une idée philosophique allemande, dira-t’on, mais aussi fiable que la technique du même nom, qui se passe de réclame pour être appréciée !
Un passage de la philosophie de Hegel le dit avec bonté et sérieux, qu’il ne s’agit pas de dire que tel prophète ou saint est là ou ailleurs, mais qu’il habite l’esprit. Proposition idéaliste, soit, mais dont les fruits sont perceptibles dans la nation qui lui donna naissance et, cela est vrai aussi, comme un corollaire, chez ceux qui la suivent.
Et Mahomet, direz-vous, il se cache dans une caverne, que recouvre l’araignée, et ceci est juste la cavité du cœur invisible aux mesquins et que l’être le plus fragile dérobe aux violences, en aveuglant les méchants.
Sur la toile le psycho-thérapeute française, formateur en ligne et écrivain, du reste opposé aux « loges transversales maçonniques », M. Bernard Raquin, de grand-parents espagnols, dans la tradition anarchiste, s’en prend en bloc à la personne du noble Prophète et traite de bonne foi, il n’y a pas de raison d’en douter, tous les Musulmans de déséquilibrés, affecte d’identifier les mercenaires de Daesch à la morale islamique, et commet une faute de logique, en passant successivement d’une hypothèse d’inexistence du Prophète à celle d’un modèle de mauvaise conduite incarné en lui. Il s’adresse à un public qui est semi-savant et croit être instruit et en réalité souffre d’un manque de réflexion. Son but est d’éviter la guerre civile européenne, et se solidarise des libertaires, des gens de Charlie-Hebdo, et depuis « plus de dix ans » annoncerait les malheurs d’’aujourd’hui, qu’il nomme une « faschosphère » ! En fait, il prépare cette lutte civile, qu’il le veuille, ou non.
Il parle, selon ses termes, en démocrate antifasciste, et combat ce que M. Bush entend aussi par islamo-fascisme et qu’il désigne comme des « nazimmigrés ». « Tous les pays arabes sont fascistes » dit-il, et de réclamer un Nuremberg II. C’est un discours simple qui séduit un peuple fatigué et irritable. Quant aux responsables musulmans, ils se taisent comme un berger abandonnant le troupeau aux loups dévoreurs. Au fait, me direz-vous, nous n’entendons aucune critique de l’entité sioniste, dans cet orateur prompt à dénoncer « les ennemi de l’humanité » que seraient les Musulmans, il a certainement raison de stigmatiser des Qataris, etc… mais silencieux pour ceux qui ont l’armée la plus morale du monde, et qui manœuvrent ces Qataris et mercenaires. Ouf, tout n’est pas perdu ! C’est habile, dangereux et bien organisé ! C’est l’ancienne guerre d’Algérie, mais en plus, avec une mise en condition psychologique.
Pour y parer, la méthode prônée par l’Ayatollah Khamenei, dans son adresse à la jeunesse d’Occident, de lire le texte du Coran, d’en saisir l’esprit plus que la forme des lettres, de se faire une opinion par soi-même, d’écouter, en un mot, sa conscience, et de diminuer les sollicitations bruyantes de l’extérieur, d’éclairer l’âme, met en évidence la grandeur de l’Islam
Puisque l’on nous rebat les oreilles avec le fascisme, je citerai Martin Heidegger et invite à relire les dernières pages de son « Introduction à la Métaphysique », il y dit que, de son temps, des étiquettes se mettent sur des marchandises politiques, mais qui n’ont rien de commun avec la grandeur du Mouvement animant alors son pays. En toute chose, et en matière de religion, arrêter la guerre civile, c’est d’abord remettre de l’ordre en l’âme et non pas hurler pour effrayer le troupeau et l’amener à se faire tondre ! Le noble Prophète n’aurait pas eu son influence à travers les siècles s’il n’était pas porté par une idée. Et le Coran contient celle-ci à l’infini car il est des deux mondes, le visible et l’invisible, en chacun un appel à l’héroïsme, au sacrifice et donc à la beauté aussi en art.. Sinon l’Iran l’aurait-il accueilli, défendu et honoré ?
- Source :
http://www.dortiguier.fr/
Vous pouvez commander le(s) livre(s) en cliquant sur l’image correspondante :