C’est le manque d’être qui suscite l’interminable questionnement philosophique jusqu’à la mort. L’être n’est pas multiple ni un, il est irreprésentable, unique, divin, acte éternel… Nous ne percevons, ne sentons, ne ressentons et ne pensons que le manque d’être. Il n’y a pas pour autant absence d’être mais manque d’être, un manque qui revient inlassablement en se multipliant à l’infini.
Il ne faut pas confondre désirer être unique (l’ego) et désirer l’unique (la mort de l’ego).
Le manque d’être ouvre la voie au multiple car la résistance à ce manque se forme, et les formes de cette résistance se multiplient toujours plus, et toujours plus subtilement (résistances fictives, sémantiques, logiques…), pour tenter de « suturer » ce manque… en vain. Le manque d’être fait notre agitation perpétuelle jusqu’à la mort.
« Le sujet est une suture d’un manque à être », oui Lacan, mais cette suture ne réussit jamais ; le sujet humain reste tourmenté jusqu’à la mort. C’est cette vaine tentative de suture qui détermine tous les désirs humains, hormis le « désir » de Dieu, de l’unique. Il ne faut pas confondre désirer être unique (l’ego) et désirer l’unique (la mort de l’ego). C’est cette confusion qui fit la chute de l’homme, une chute d’une insoutenable profondeur.