Alors que personne n’en parle car c’est un enjeu économique verrouillé par les médias à la solde des lobbies, le peuple se soulève à In Salah en Algérie contre cette technique d’hydrofracturation criminelle alors que la zone est richissime en gaz naturel ! Sans parler de la chute du cours du baril qui rend cette ressource complètement obsolète, car plus chère…
Rejet du gaz de Schiste : La mobilisation s’étend dans le Sud
Comme prévu, plusieurs villes du Sud ont marqué leur soutien à la protestation contre le gaz de schiste lancée, il y a 11 jours, par la population d’In Salah.
A Ouargla, Metlili, Adrar, la mobilisation des citoyens est la même. Bien que le nombre de participants escompté par les organisateurs n’ait pas été atteint, le rassemblement a brassé des gens qui y ont pris part, au fur et à mesure du déroulement des sit-in, timides au début, plus directs et caustiques à la fin, se donnant tous rendez-vous dans une semaine au cas où les autorités tarderaient à répondre favorablement. Mais au-delà de la symbolique de ces manifestations de soutien à In Salah, tenues dans plusieurs wilayas du Sud, c’est sans doute la prise de position de plusieurs scientifiques qui marque un tournant, ce samedi 10 janvier.Ouargla dit non
A Ouargla, ils étaient plus de 250 à commencer la manifestation. Des habitués de la CNDDC – qui a été la première à soutenir les manifestants d’In Salah et à appeler à cette rencontre dans la rue –, mais aussi les membres actifs de Houmat Al Watan (les protecteurs de la nation) organisateurs du regroupement de juin dernier pour la même cause, au même endroit.
Les orateurs qui se sont succédé à la tribune ont parlé de «danger imminent», de «légèreté absolue du gouvernement» devant des décisions aux conséquences aussi lourdes et qui ne trouvent pas de consensus auprès des Algériens, des riverains en premier lieu et de la communauté nationale plus lucides jour après jour.
Le professeur Segni Laadjal, spécialiste en biotechnologie et chimie verte à l’université de Ouargla, directeur du laboratoire de génie des procédés, s’est distingué par une prise de parole appelant le gouvernement à ne pas opter pour «la solution suicidaire du gaz de schiste, une solution dont la rentabilité et l’opportunité sont contestées dans le contexte algérien».
Pour lui, «l’Algérie doit et peut faire l’économie de cette aventure dangereuse en optant pour les énergies propres dont elle détient des potentiels mondialement reconnus ; il n’est pas vrai que ce sont les solutions les plus coûteuses, les moins rentables, elles sont les plus durables». Ce scientifique connu sur la place pour sa rigueur scientifique et sa probité, ajoute : «Il ne faut pas mépriser la protestation d’In Salah qui a donné l’exemple parfait du sursaut citoyen dont est capable l’Algérien.» Ni le gouvernement ni nos concitoyens ne doivent y voir un problème spécifique à une population en dehors de la communauté nationale.
Ultimatum de Metlili
Plus de 500 personnes de tous les âges se sont rassemblées, hier matin, sur l’esplanade jouxtant le musée du Moudjahid, au centre-ville de Metlili, daïra située à 45 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa. Munis de banderoles, de haut-parleurs, de micros et de mégaphones, dans une parfaite organisation, les protestataires ont écouté des spécialistes en la matière, enfants de la région, martelant leurs convictions quant au danger potentiel de cette nouvelle technique d’extraction, source de tous les dangers tant pour les humains que pour la vie animale et végétale.
Prenant la parole en premier, le docteur Gheziel Mohamed Mouloud, docteur en économie du développement et directeur du laboratoire de recherche en tourisme, territoire et société à l’université Noumérat de Ghardaïa, a mis l’accent sur «les risques patents sur la santé de la population que les pouvoirs publics doivent absolument préserver».
Et d’ajouter : «La communication avec les citoyens est un droit pour leur expliquer et apaiser leurs préoccupations». Pour le docteur Bouzid Abdelhakim, enseignant-chercheur à l’université de Ouargla, «c’est une grave erreur de persister dans ce type d’extraction que les pays développés, notamment européens, ont rejeté.
Notre pays gagnerait à exploiter d’autres ressources propres, tel le solaire». Après avoir écouté les spécialistes en la matière, les protestataires, répétant tout au long du parcours le slogan «Ya lil âr, ya lil âr, baoû El Sahra be dollar», se sont dirigés vers le cimetière des Martyrs où ils ont récité la Fatiha et entonné l’hymne national, avant de reprendre le chemin de l’esplanade et se disperser dans le calme.
Hamdane Abdeslam, activiste des droits de l’homme, membre de la CNDDC et un des organisateurs de cette journée de protestation, nous a déclaré : «Ce n’est pas fini, tant que les torches du gisement de gaz de schiste d’In Salah ne seront pas éteintes. Nous sommes solidaires avec la population d’In Salah et nous lançons un ultimatum aux autorités : si d’ici lundi, les torches ne sont pas éteintes, nous irons à plus de 4000 jeunes de Metlili jusqu’aux puits où nous camperons le temps qu’il faudra.»
In Salah résiste
Le vent s’est levé vendredi soir à In Salah, où la saison des vents de sable semble bel et bien entrée avant février. Glacial, ocre, parfois bruyant mais point dissuasif, il a accompagné les cohortes de manifestants qui ont accouru sur la place de la Résistance pour accomplir le rituel ancestral de la Latfia, une douâ (imploration) que les gens du Tidikelt utilisent à chaque fois que la peur les envahit, qu’un malheur est proche, que les ressources d’une solution humainement possible venaient à manquer.
C’est là que la douâ entre en scène. «Ya latif, Ya latif, onkodh âbdak adhaiîf», une invocation collective de Dieu pour qu’Il sauve In Salah du gaz de schiste. Est-ce le désespoir de voir cette crise se dénouer en leur faveur ? Est-ce la peur que le gouvernement reste insensible à ce cri de détresse ? L’objectif est d’invoquer Le Tout-Puissant et d’être suffisamment nombreux pour se donner la force et la conviction.
Une longue incantation, deux rakaât, une nafila (prière supplémentaire) pour demander à Dieu de protéger In Salah et l’Algérie de cette grande méconnue qu’est le gaz de schiste. La place de la Résistance reste pleine, les marques de soutien sont multiples. Deux députés de la wilaya viennent de présenter une demande de moratoire au président de la République.Houria Alioua
- Source :
http://www.elwatan.com/
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