À peine installé, le nouveau gouvernement grec provoque le désarroi au sein de la Troïka, affichant clairement son alignement sur le Russie de Poutine. Si ce dernier ne peut que se réjouir de l’arrivée de cet allié inattendu — un véritable cheval de Troie au cœur de Bruxelles — , ce n’est certainement pas le cas de ceux qui, dès les premières heures, n’ont pas hésité à le prendre de très haut et à le traiter très maladroitement, comme un cancre, conditionnant toute renégociation de la dette grecque à une réforme structurelle, lui enjoignant de prendre des mesures politiques drastiques contre son peuple et de procéder à un réajustement structurel des équilibres macro-économiques, exactement comme le lui aurait exigé le FMI, alors qu’ils sont issus du même bord politique. Désormais, ce gouvernement, issu de Syriza, parti de gauche comme le PS de Hollande, pourra opposer son véto contre toute sanction prise à l’encontre de la Russie. Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre, reste fidèle aux promesses faites à ses électeurs et n’entend pas se soumettre au diktat de Bruxelles. Cela pourrait déboucher sur le retrait de la Grèce et un ébranlement de la cohésion de l’UE, pouvant remettre en cause jusqu’à sa fiabilité. Vivement le retour à l’Europe des nations et à la souveraineté des peuples. Autrement, un accident d’avion serait le bienvenu pour la mafia bruxelloise…
Contre les sanctions de l’UE en Russie, contre le gouvernement ukrainien, contre l’austérité, contre l’Allemagne : Alexis Tsipras n’a pas tardé à démontrer la continuité idéologique de Syriza. Un nouvel axe se dessine : Athènes-Moscou.
Cela n’a pas échappé au quotidien économique russe Kommersant : le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a, dès avant la victoire de Syriza, annoncé qu’il était favorable à un allègement des sanctions et contre la politique d’isolement de la Russie. Et dans «les premières escarmouches» entre la nouvelle Grèce et l’Union européenne racontées dans Le Temps ce jeudi matin, un aspect géostratégique frappe : l’axe Athènes-Moscou qui est en train de se dessiner sur la carte des alliances. Ce que la Neue Zürcher Zeitung résume dans la formule : «Le cheval de Troie de Poutine».
Résumons. A peine installé, le gouvernement de Syriza passe à l’acte : il récuse les nouvelles sanctions contre la Russie réclamées par Bruxelles après la reprise de violentes hostilités dans l’est de l’Ukraine. Pendant ce temps, Nikos Kotzias, le ministre des Affaires étrangères, transfuge du Parti communiste grec, défend des relations bilatérales plus étroites avec Moscou. Il aurait déjà remercié Poutine de s’être porté «au secours de nos frères orthodoxes» en Crimée.
Dans la revue de presse de France Inter, on lit que la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui titrait clairement mercredi «Nach Moskau! Nach Moskau!», s’en inquiète, en évoquant «la joie du Kremlin depuis dimanche». Et toujours en Allemagne, Bild enchaîne avec «Die Russen-Connection der Griechen-Radikalos» : «A peine 90 minutes après son investiture […], Tsipras rencontre qui ? L’ambassadeur russe en Grèce»…
- Source :
http://www.letemps.ch/
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