
Un 11 septembre téhéranais
Les images sont identiques, et l’impossibilité d’un accident invraisemblable, hors de proportion avec les dégâts produits et leur rapidité. Ce bâtiment de 17 étages, au centre de la capitale, connu comme le Plasco Building, était un lieu d’entrepôt de tissus et un centre commercial, avec des appartements occupés par des employés et des gens du négoce.
Le feu a pris en son centre et toute une équipe de pompiers – corps que je connais là-bas par quelque haut représentant valeureux – d’abord estimée à seize puis trente personnes, assure-t-on dans la presse du jour, a été soudainement enterrée sous des décombres causés par l’effondrement de structures en fer rougies au point de ne plus soutenir la charpente. Il faut une quantité de chaleur considérable pour produire cet effet. Depuis jeudi l’on n’a pu sortir que quelques cadavres, morts et blessés se comptent par dizaines.
Le contexte est clair : nous étions un jeudi, la veille de l’intronisation du Président des États-Unis, et les ruines sont là, le dimanche, après que le Times of Israël d’aujourd’hui nous ait informé que, quelques minutes après la fin du Sabbat, le Premier Ministre ait lancé un appel pour dissocier le peuple iranien de son gouvernement et de sa révolution, lui reprochant, par ailleurs, d’être théocratique, alors que sa revendication de Jérusalem est fondée sur une vision on ne peut plus théocratique ! Il dénonce au peuple iranien les élites iraniennes qui soutiennent – selon son propos anglais – un “mass murder Assad” ! Il s’agit d’un ultimatum israélien !
Le reste de l’article est un appel aux clercs et aux laïques de s’unir pour faire tomber “le régime” ! La jeunesse est décrite comme “hungry for change”, affamée ou avide de changement, etc. Et comme il est dans la nature des barbares de ne pouvoir dire quelques gentillesses sans les assortir de menaces, car ils vivent dans les ténèbres ou les lumières des loges comploteuses, les yeux bandés et la main sur le cou à trancher, il se presse d’annoncer au peuple iranien, à quatre vingt millions d’âmes, qu’il va contacter Trump pour prendre les mesures les plus sévères contre le terrorisme iranien et donc de ruiner l’accord, du reste bancal, qui a été conclu pour n’être que très mollement respecté, et toujours accompagné, sous Obama, de demandes de sanctions supplémentaires contre l’Iran.
Il y a donc une offensive antiiranienne et antipalestinienne très marquée, entendant par Palestine toute la région, dont en premier la Syrie et le Liban, deux États et un seul peuple, selon une définition exacte du Président de la République syrienne, aux deux étoiles, l’opposition reprenant le drapeau à trois étoiles du temps du mandat français !
Cette déclaration du Premier Ministre sioniste est une déclaration de guerre
Le terrorisme a frappé l’Iran dans ses élites scientifiques, tout comme quand Paul Bremer gouvernait l’Irak, et en plus grand : des savants atomistes de haute valeur ont été tués par des agents israéliens dans Téhéran, appuyés sur un réseau local, qui ne date pas d’hier ! Ils frapperont encore, avec d’autant plus d’audace que les libéraux ou les démocrates dont l’Occident (drôle d’Occident du reste dont la capitale est bien orientale !) remplit les poches, se laissent corrompre ou séduire comme Ulysse par un chant de sirènes !
Le terrorisme frappera, par “daeschistes” transplantés, et ce qui fut en 1935 une renaissance du nom d’Iran, après la célébration l’année précédente du millénaire de la mort du poète épique Firdousi, et concept d’Iran que préservera l’Imam Khomeiny, sera un verre brisé d’où s’écoulera la sève du peuple bue par tous les sols les plus empoisonnés que le vaste monde peut offrir.
Le 11 septembre états-unien marque le signal d’une coalition déjà préparée et qui n’attendait qu’une grossière mise en scène pour s’ébranler : celle contre l’Iran l’est tout autant, et les mêmes mercenaires wahhabites habillés par l’Angleterre, et cette arme que nous nommons en Europe depuis le dix-huitième siècle, la “Cavalerie Saint-Georges”, à savoir, la corruption monétaire, jouera son rôle.
Bref notre appréciation est peut être précipitée, mais s’il est difficile en effet de prévoir l’instant de l’éclair, la colonne de l’orage est toujours visible, et elle se forme sous nos yeux !
Que de scénaristes de la politique ambitionnent de mettre en scène le scénario du livre d’Esther, qui horrifiait Luther, on ne le redira jamais assez, car ils vivent dans cet enfer “depuis leur jeune âge”, selon le mot qu’emploie Platon pour désigner les barbares dans leur caverne !
Pierre Dortiguier