Les racines idéologiques de la LDJ sont extrêmement graves et dangereuses puisqu’il est question tout simplement de terrorisme ! Sauf qu’en occident, le terrorisme sioniste, juif talmudique est permis. C’est très curieux comme concept, indéfendable mais c’est ainsi que ça fonctionne. La LDJ est protégée par l’état français et ça ne choque pas grand monde. Leurs liens étroits avec le Front National est encore plus mystérieux mais c’est ainsi que se pratique la politique dans les coulisses du pouvoir…
Le 31 juillet, un incendie criminel dans le village de Douma, en Cisjordanie, causait la mort d’un enfant de 18 mois et de son père, déclenchant une vague d’indignation à travers le monde.
Les autorités israéliennes y ont réagi en s’attaquant à la mouvance extrémiste juive Noar Ha Gvaot, « Les Jeunes des collines ». Quatre membres présumés de ce groupe ont été placés en détention administrative, une mesure d’exception permettant un emprisonnement de six mois sans que le détenu soit informé des accusations qui pèsent contre lui. Un traitement d’ordinaire réservé aux Palestiniens. Parmi eux figure Meïr Ettinger, 23 ans. Rien n’indique qu’il est lié à l’attaque de Douma, mais le Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, le soupçonne d’avoir été impliqué dans l’incendie d’une église en Galilée, dans le nord du pays, en juin 2014. Il serait le chef d’une cellule des Jeunes des collines.
Une affaire de famille
Ce phénomène extrémiste sioniste n’est pas nouveau en Israël. Il est connu des services de sécurité et jouit au sein du mouvement colon israélien d’une relative impunité. Récemment, l’ex-directeur du Shin Beth Yuval Diskin affirmait sur sa page Facebook qu’un Etat parallèle, sioniste et religieux, « anarchiste, anti-israélien, violent et raciste » s’établissait au sein d’Israël en toute liberté depuis des années. Meïr Ettinger en est un symbole. Ce jeune homme est issu d’une longue lignée de militants prônant l’action violente, dont le rêve est d’établir l’« Eretz Israel », un Etat juif sur les deux rives du Jourdain, intégrant ainsi la Palestine et la Jordanie. Son grand-père, le rabbin Meïr Kahane, est considéré comme le parrain de l’extrémisme juif contemporain. Ce fondateur de la Ligue de défense juive (LDJ) et du parti nationaliste religieux Kach, a notamment influencé Baruch Goldstein, qui avait assassiné vingt-neuf fidèles musulmans en prière au caveau des Patriarches, à Hébron, en 1994.
Racines américaines
Kahane, né en 1932 à New York, a passé la première moitié de sa vie militante à Brooklyn. Son père, Charles, était un rabbin réputé ; lui-même a suivi des études religieuses et universitaires supérieures. En 1968, motivé par une recrudescence d’actes antisémites, Kahane fonde la LDJ, présente aujourd’hui dans une vingtaine de pays, dont la France. Il prêche le recours à la violence contre tous ceux qu’il désigne comme antisémites. L’organisation cible notamment la communauté afro-américaine, dont une frange prend le parti des Palestiniens après la guerre des Six-Jours, en 1967. En 1985, le FBI impute à la LDJ quinze attaques terroristes sur le territoire américain en moins de quatre ans. Mais en réalité, entre 1970 et 1986, selon le National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism de l’université du Maryland, ce sont plus de quatre-vingts attentats qui peuvent être attribués à l’organisation de Kahane. En 1986, lorsque ces attaques régulières cessent, Meïr Kahane a quitté l’Amérique depuis quinze ans pour Israël.
Un mouvement profondément antidémocratique
Là, il fonde le parti Kach et prône la violence contre tous les non-juifs présents sur le territoire « dû » à son peuple. Profondément antidémocrate, Kahane se présente pourtant régulièrement aux législatives et est élu au Parlement en 1984. Quatre années durant, il dépose des projets de loi racistes et ségrégationnistes. Ces provocations conduisent la Knesset à adopter une loi « antiraciste » en 1985, pour exclure tout parti ou tout candidat « niant l’existence d’un Etat d’Israël juif et démocratique, incitant au racisme ». Lors des élections de 1988, cette disposition est utilisée pour empêcher Kahane de se présenter à nouveau aux législatives. En novembre 1990, Meïr Kahane sera assassiné dans un hôtel de Manhattan. Un membre du groupe terroriste ayant planifié et exécuté l’attentat du World Trade Center de 1993, El Sayyid Nosair, un Américain d’origine égyptienne, est accusé de ce meurtre, puis acquitté par un tribunal de Manhattan en 1991. L’annonce de la mort de Kahane provoque de vives tensions en Israël. A l’issue de ses funérailles, auxquelles vingt-cinq mille personnes assistent, selon le journaliste de France 2 Charles Enderlin dans son livre Au nom du Temple, de nombreux Arabes sont passés à tabac dans les rues de Jérusalem.
Passage dans une semi-clandestinité
Au lendemain de la disparition de son fondateur, une guerre de succession s’ouvre au sein du Kach. L’un des fils de Meïr Kahane, Benyamin, est évincé du mouvement par les disciples du fondateur, et crée le parti Kahane Chai, « Kahane vit ». « Pour chaque attaque en Israël, lance une bombe sur un village arabe, nids d’assassins au cœur de l’Etat d’Israël » demande-t-il. Après le massacre du caveau des Patriarches perpétré par Baruch Goldstein, les deux mouvements, déclarés terroristes, sont interdits en Israël. Plongés dans une semi-clandestinité, le Kach et Kahane Chai vivotent. Le 4 novembre 1995, un autre sympathisant kahaniste et admirateur de Goldstein, Yigal Amir, assassine le premier ministre israélien Yitzhak Rabin de deux balles dans le dos à Tel-Aviv. Comme de nombreux disciples de Kahane, il considère que les accords d’Oslo signés en 1993 sont une traîtrise. Des années plus tard, le 31 décembre 2000, l’oncle de Meïr Ettinger, Benyamin Kahane, et son épouse sont tués en Cisjordanie par des tireurs non identifiés.
Avant-postes et expéditions punitives
Meïr Ettinger a repris le flambeau familial. A 17 ans, il quitte le domicile familial pour rejoindre Les Jeunes des collines, une mouvance composée de cellules indépendantes les unes des autres, qui compte quelques dizaines, quelques centaines de membres au maximum. Ils oscillent entre occupation non violente d’avant-postes en Cisjordanie et expéditions punitives dans les villages palestiniens. Ettinger tient un blog sur le site radical La Voix juive. Il s’inscrit dans une nébuleuse où l’idéologie kahaniste reste vivace. Mais la figure du rabbin n’y est pas ouvertement mise en exergue, contrairement à celle de Baruch Goldstein, qui selon l’anthropologue Geneviève Boudreau, spécialiste des Jeunes des collines à l’université d’Ottawa, est « une personne idolâtrée et ses actions justifiées par certains ».
Morgane Bona