C’est très curieux cette façon de rendre hommage à un patron syndicaliste qui a détruit justement le syndicalisme au point où toutes les lois passent, même les plus impopulaires. Pire encore, on connaît tous le scandale de l’UIMM et les valises d’argent distribuées justement aux patrons syndicalistes par Denis Gautier-Sauvagnac…
Bref, il doit bien y avoir des coupables non !
François Chérèque, ex-dirigeant de la CFDT, est décédé lundi, entraînant une salve d’hommages à un « grand syndicaliste », mais qui aura déstabilisé le deuxième syndicat français en 2003 après la signature de la réforme controversée des retraites.
Sa famille a annoncé son décès, lundi, « à la suite d’une longue maladie », à l’âge de 60 ans.
Né le 1er juin 1956 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), François Chérèque a dirigé le deuxième syndicat français entre 2002 et 2012.
Président de l’Agence du service civique depuis 2014, il avait quitté ses fonctions en juin 2016 pour raisons de santé. Il « a mis pendant près de 3 années toute sa force d’action et sa conviction au service de l’engagement des jeunes, en faveur d’une société solidaire et fraternelle », a salué son équipe.
Celui qui se disait « réformiste mais impatient » – le titre de son livre publié en 2005 -, a été souvent critiqué pour sa « volonté de signer ».
Il avait plongé la CFDT dans une longue crise interne en validant la réforme des retraites en 2003, entraînant un départ massif d’adhérents vers d’autres syndicats.
Son décès a déclenché de nombreuses réactions politiques, à gauche comme à droite, mais aussi côté syndical.
Très ému, Laurent Berger, l’actuel numéro un de la CFDT, a estimé que la CFDT et le syndicalisme français perdaient « une grande figure qui a fait de la lutte syndicale un engagement personnel ».
« Au delà de nos désaccords François était cordial, direct », a relevé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.
Côté gouvernement, le porte-parole et ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a regretté un « homme sincère et profondément humaniste », Myriam el Khomri (Travail) saluant son « exigence » et « éthique au service des salariés ». Patrick Kanner (Ville), « très ému », a souligné que le leader syndical « pensait que la force de la France résidait dans l’engagement de ses citoyens ».
Parmi les candidats à la primaire de la gauche, Vincent Peillon a rendu hommage dans un tweet à « un homme d’exception, d’idées, de combats pour faire avancer notre société », Benoît Hamon à un « grand syndicaliste, homme intelligent et généreux » et Manuel Valls « un grand syndicaliste, un homme de progrès, un ami ».
Coups de sang
La maire de Lille Martine Aubry garde de lui le souvenir d’un « militant acharné, un syndicaliste authentique, et profondément sincère dans ses combats et ses engagements pour la défense des conditions de vie et de travail des salariés ».
A droite, Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre lors de la signature de l’accord sur les retraites en 2003, évoque le « +Gd+ (grand, NDLR) pas pour la sauvegarde » du régime alors « franchi » avec lui. Et le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains), « un homme avec lequel le dialogue social prenait tout son sens ».
François Chérèque a longtemps été éducateur spécialisé au centre hospitalier de Digne (Alpes-de-Haute-Provence).
Son père, Jacques, ancien métallo, fut secrétaire général adjoint de la CFDT (1979-1984) et ministre délégué à l’Aménagement du territoire et aux reconversions sous le gouvernement Rocard (1988-1991).
François, qui a eu deux fils, s’est fait un prénom en gravissant peu à peu les échelons de la CFDT. En 1996, il devient secrétaire général de la fédération Santé Sociaux, la plus importante du syndicat.
Candidat officiel à la succession de Nicole Notat, il est élu à la tête de la CFDT en mai 2002, au lendemain du revers électoral de la gauche.
Alors inconnu du grand public, il mettra plusieurs années à conquérir l’appareil, allant sans cesse au contact des militants sur le terrain.
Ses interventions médiatiques sont l’occasion souvent de coups de sang. L’ex-deuxième ligne de rugby ne mâche pas ses mots quand il accuse Nicolas Sarkozy de « manipulation de l’opinion ».
Lorsqu’il passe la main à son dauphin Laurent Berger en novembre 2012, à 56 ans, le tempétueux syndicaliste rejoint l’Inspection générale des affaires sociales et est chargé du suivi du plan gouvernemental sur la pauvreté.
Au même moment, il prend aussi la présidence de Terra Nova, centre de réflexion proche du PS.
24 matins / AF