La censure de Dostoïevski par la loi poutinienne
Dans cette loi renouvelée d’une précédente, le dirigeant démocratiquement élu et aussi exalté par l’oligarchie, Vladimir Poutine, veut arracher par une sorte d’anachronisme, l’antisémitisme de la société russe et du christianisme local, ce qui devrait le ramener sur des positions du clergé progressiste : celui-ci corrige Bible ou Ancien Testament et Évangile par la méthode la plus efficace, celle de ne pas le donner à lire. C’est ainsi que les établissements libres en France, comme ils se nomment, ou religieux, font le minimum d’instruction au point qu’un professeur d’école de mon entourage n’a pu obtenir d’explication du nom de l’Ascension que de la part de la musulmane algérienne, toute sa classe des 11 ans y voyant un équivalent de jour férié.
La question est de savoir si ce ne serait pas plutôt la Bible elle-même qu’il faudrait supprimer, et comme le fit l’Église catholique, ne la faire lire que sous conduite éclairée.
L’administration poutinienne va emboîter le pas à Kerensky, le petit ami de la sœur de Lénine, et devenu haut gradé de la maçonnerie, réfugié aux USA après avoir été premier ministre dictatorial ; il avait interdit, sous peine de mort, la lecture d’un célèbre ouvrage que l’on dit un faux et fut publié pour la première fois par un procureur russe devenu moine. Mais le ménage devra être poussé très loin, et toucher le Journal d’un Écrivain de Dostoïevski : « Supposons que ce ne soient pas les Israélites, mais les Russes qui soient 3 millions et les Israélites 80 millions, dites : que deviendraient alors les Russes à leurs yeux, et comment les traiteraient-ils ? Leur permettraient-ils d’avoir les mêmes droits qu’eux ? Les laisseraient-ils prier librement au milieu d’eux? N’en feraient-ils pas tout simplement des esclaves ? Pis encore : ne les écorcheraient-ils pas jusqu’à complète extermination, comme ils le faisaient des autres nationalités jadis, dans leur ancienne histoire ? » (Dostoïevski dans « Le Journal d’un écrivain », seconde partie : « Le pour et le contre »)
La question est de savoir si ce ne serait pas plutôt la Bible elle-même qu’il faudrait supprimer, et comme le fit l’Église catholique, ne la faire lire que sous conduite éclairée. Sinon l’on risque de tomber dans cet abîme luthérien, quand le réformateur se montra impitoyable à la fin de sa vie, et dénonçait le livre d’Esther comme une apologie du meurtre en masse d’un peuple, nommément le peuple de l’Iran.
Il existe dans ce Journal d’un écrivain quelque autre passage sur les Bourses de l’Ouest européen et sur l’influence de ceux qui la dirigent sur la morale. Vraiment la législation poutinienne a un vaste chantier ! Mais il peut compter sur la servilité du clergé et le nôtre viendra à sa rescousse.