Malgré les centaines de milliards d’euros injectés dans leur économie, de la poche des contribuables européens, on a l’impression que la crise grecque est destinée à nous terroriser encore 20 ans ! Les sommes allouées ne correspondent même pas à la réalité économique du pays, et pourtant, il en faut toujours plus !
La Berd s’inquiète des dangers d’une nouvelle crise grecque
Un échec des négociations entre la Grèce et ses créanciers risquerait de replonger le pays dans une « profonde récession » et d’entraver l’embellie actuelle en Europe centrale, a averti jeudi la Berd, déjà aux prises dans sa zone d’action avec les crises en Russie et en Ukraine.
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement, fondée en 1991 pour favoriser la transition vers l’économie de marché de l’ex-URSS ainsi que de ses anciens satellites d’Europe de l’Est, voit ses finances mises à rude épreuve par les difficultés économiques de ces derniers pays mais aussi sa crédibilité attaquée par Moscou, qui lui reproche sa participation aux sanctions.
Elle s’est malgré tout engagée en mars à investir pour la première fois en Grèce, dirigée par la gauche radicale d’Alexis Tsipras, et inclut à ce titre le pays dans ses prévisions économiques publiées à l’occasion de son assemblée annuelle organisée à Tbilissi (Géorgie).
La Berd prévoit une croissance nulle du produit intérieur brut grec cette année, après +0,8% l’an dernier. Mais ce pronostic, plus pessimiste que celui de Bruxelles, se base sur un accord entre Athènes et ses partenaires de la zone euro et le FMI qui négocient laborieusement le déblocage d’une dernière tranche de prêts internationaux de 7,2 milliards d’euros.
« Ces prévisions deviendraient totalement invalides » en cas d’échec, potentiellement synonyme de faillite pour Athènes, constate l’institution financière. « Dans ce cas, la Grèce retomberait probablement dans une profonde récession dont l’ampleur et la durée sont difficiles à évaluer », poursuit-elle.
La Grèce a déjà perdu un quart de son PIB au cours de six années de récession et, après neuf mois de reprise, elle vient d’y replonger, l’activité se figeant vu les incertitudes actuelles. Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a encore appelé jeudi la Banque centrale européenne à reporter le paiement de certaines traites, ce que l’institution a toujours rejeté.
La Berd prévient qu’une nouvelle crise grecque pourrait « assombrir les perspectives » pour les pays d’Europe Centrale, au moment même où la région, Pologne en tête, montre un regain de dynamisme lié à la généreuse politique monétaire européenne et la baisse des cours du pétrole.
– Aggravation en Ukraine –
L’institution ne cache pas qu’elle n’a pas besoin d’un tel scénario catastrophe alors que le reste de sa zone « historique », l’ex-URSS, traverse une période particulièrement difficile liée à la crise ukrainienne.
L’Ukraine, exsangue après plus d’un an de guerre, se voit prédire par la Berd, l’un de ses principaux soutiens financiers, une chute de 7,5% du produit intérieur brut cette année, plus sévère que l’an dernier (6,8%)
Pour la Russie, affectée par les sanctions occidentales et par la chute des cours du pétrole, la Berd se montre bien plus pessimiste que les autorités russes, anticipant une chute de 4,5% du PIB cette année et de 1,8% l’an prochain. Elle a aussi révisé en baisse ses prévisions pour presque tous les pays de l’ex-URSS et table sur de coups de freins sérieux, malgré les besoins de modernisation, dans le Caucase et en Asie centrale, voire de récessions pour le Bélarus (-2,5%), l’Arménie (-1,5%) ou la Moldavie (-2%).
« Les effets de contagion sont bien plus importants que nous le pensions », a souligné Piroska Nagy, économiste de la Berd lors d’une conférence de presse.
Selon la Berd, la crise russe se propage surtout via une chute brutale des transferts de fonds des diasporas en Russie, voire pour l’Asie centrale par un retour massif de ces émigrés qui risquent de déstabiliser socialement certains pays comme le Tadjikistan.
Même la Géorgie, qui a pris un tournant occidental il y a plus de dix ans et présentée comme un élève modèle en termes de réformes, devrait voir sa croissance divisée par deux cette année à 2,3% après avoir vu sa monnaie plonger de jusqu’à 30%.
« L’économie géorgienne est diversifiée (…) mais ce qui se passe en Russie influe sur la région entière », a constaté Giorgi Chaguidzé, directeur financier de la banque TBC, interrogé par l’AFP. « Les exportations ont baissé, les transferts de fonds des émigrés aussi ».
La Berd a elle-même gelé ses nouveaux programmes d’investissement en Russie dans le cadre des sanctions européennes la visant pour son rôle dans la crise en Ukraine, ce qui lui a valu les foudres de Moscou jeudi. Le vice-ministre russe des Finances Sergueï Stortchak l’a accusée d’avoir dévié de sa mission « apolitique » en servant « d’instrument à une intensification des pressions politiques et économiques ».
Le président de la Berd Suma Chakrabarti a reconnu que cet environnement lui coûtait cher, avec une perte nette pour la banque de 568 millions d’euros l’an dernier.