Il y a tellement de choses à dire concernant la mixité à l’école et ce nouveau scandale, cette nouvelle polémique de Stanislas et de l’actuel ministre de l’éducation nationale. D’abord, comment est-il concevable que l’État impose une mixité à l’école ? C’est déjà une anomalie car l’État n’a pas à intervenir dans l’éducation de nos enfants. C’est un principe de base qui devrait rassembler tout le monde. Ensuite, comment est-il possible de parler de mixité et de ne pas parler de la chute des résultats scolaires, notamment des écarts qui existent depuis l’instauration de la mixité, c’est un secret de polichinelle.
Enfin, comment est-il possible de concevoir que l’actuel ministre de l’Éducation nationale, responsable de l’école publique, de la mixité, de l’inclusion… puisse être à l’opposé de ce qu’elle représente au niveau de la Doxa ! C’est tout de même extraordinaire que cette élite dégénérée tienne des propos face à la caméra et impose un programme à la population qui ne sera pas exigé pour leurs familles. Faut-il rappeler qu’elle a évité le logiciel Parcoursup pour ses enfants !
La scolarisation des enfants d’Amélie Oudéa-Castera continue de susciter la polémique.
Alors que le gouvernement vient de reconnaître qu’il y avait eu « un non-respect de Parcoursup » de la part de l’établissement privé Stanislas au sujet d’un des fils de la ministre de l’Éducation, Mediapart révèle, mercredi 24 janvier, qu’Amélie Oudéa-Castera a fait le choix de séparer ses trois garçons des filles au sein de l’établissement parisien privé et catholique.
Alors que la mixité est un des principes fondamentaux de l’école républicaine publique, certains établissements privés choisissent de séparer les filles et les garçons. Une pratique légale très minoritaire.
Depuis quand la mixité est-elle obligatoire ?
C’est la loi dite « Haby » (qui doit son nom au ministre de l’Éducation nationale René Haby) du 11 juillet 1975 instituant « le collège pour tous » qui rend obligatoire la mixité dans l’enseignement primaire et secondaire. Une révolution qui ne s’est pas faite du jour au lendemain, explique l’historien de l’éducation Claude Lelièvre. « Historiquement, il ne faut pas oublier que la mixité était totalement déconseillée par l’Église catholique ». « À partir des années 60, poursuit-il, donc c’est avant 1968, contrairement à ce qu’on pense, la mixité est favorisée, en tout cas dans le public, au niveau du primaire et en partie du collège. Donc le mouvement de remise en cause de la mixité, sauf cas marginaux, ça date des années 60 et pour les lycées après 1968″.
Les établissements publics et établissements privés sous contrat ont donc interdiction de séparer filles et garçons en classe. « Sauf si on ne peut pas faire autrement pour des raisons d’effectifs », nuance Claude Lelièvre. L’historien fait aussi remarquer que cette mixité est « relative ». « En particulier dans les secteurs très professionnalisés [où] vous avez des classes qui ne sont quasiment pas mixtes ».
Y a-t-il des exceptions ?
Dans le secteur public, plus aucun établissement public ne fonctionne de façon séparée, à l’exception, et c’est la seule et unique, des maisons d’éducation de jeunes filles de la Légion d’honneur. C’est à dire environ un millier d’élèves, de la sixième aux classes préparatoires et BTS.
La loi « Haby » ne s’applique pas non plus aux établissements privés « hors contrat ». Ces structures doivent permettre aux enfants d’acquérir les connaissances du socle commun de compétences, comme l’indique le ministère de l’Éducation nationale, mais ne sont pas légalement tenues de suivre les programmes, de respecter les horaires de l’enseignement public, ni de garantir la mixité. « La quasi totalité des écoles hors contrat, rappelle Claude Lelièvre, sont des établissements religieux catholiques ».
Combien d’élèves sont concernés ?
Les classes non mixtes « sont vraiment marginales », affirme Claude Lelièvre, sachant que les structures hors contrats ne représentent dans leur ensemble « même pas 1% » de l’ensemble des établissements scolaires.
L’Éducation nationale ne réalisant pas de recensement des cas de non mixité, elle ne dispose pas de statistique sur ce sujet. Le dernier chiffre officiel date de… 1999 ! Un rapport du Sénat, publié en 2004, recensait ainsi 44 écoles non mixtes, dont 32 écoles de garçons et 12 écoles de filles, sur plus de 59 000 écoles, soit 0,07%.
« Il n’y a pas de vague pour un retour vers la non mixité », estime Claude Lelièvre. Le collège-lycée Stanislas, où sont scolarisés les fils d’Amélie Oudéa-Castéa, est donc, selon l’historien, l’incarnation d’un enseignement « foncièrement conservateur ».
Photo d’illustration : L’établissement parisien privé et catholique Stanislas. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)
Radio France24 & 25 janvier 2024