L’Algérie officielle sort enfin de son silence pour répondre au « voyou de la république », une réponse tardive, timorée et plutôt pusillanime, survenant après la levée de boucliers observée sur les réseaux sociaux en Algérie. En somme, il s’agit moins d’une réaction dictée par un sursaut d’honneur et de dignité, que d’une action calculée, destinée surtout à calmer la foule exaspérée par le mutisme humiliant observé au sommet de l’état. Elle vient de Ramtane Lamamra, Ministre des Affaires étrangères, celui-là même qui a marché un certain 11 janvier 2015, dans le même carré que Sarkozy et Benjamin Nétanyahu en solidarité à Charlie et dont on n’a pas vu la silhouette, ni même l’ombre, après la tuerie de Djebel Louh, un djebel dont naguère on chantait les hauts faits d’armes des djounoud de l’Armée de libération. Les gouvernants actuels sont pieds et poings liés devant les Français car le quatrième mandat — un mandat scandaleux — n’a été possible que par le silence complice et négocié — valant adoubement — du gouvernement français. Les Français ont pour interlocuteur un homme sénile, handicapé et très affaibli, soigné en France dans une structure militaire. L' »alacrité » dont l’a crédité Hollande lors de sa dernière visite éclair à Alger n’a de signification et de sens que pour celui qui l’a exprimée, un pur mensonge. Ce qu’il se passe actuellement en Algérie est scandaleux. Plus rien n’arrête les cercles mafieux qui gravitent autour du président malade et qui s’affairent à mettre l’économie nationale en coupes réglées, sous l’œil complice de la hiérarchie militaire, censée être gardienne des institutions de l’état et du respect des lois. Dans ces conditions, l’Algérie ne peut faire montre de virilité. Les hommes politiques et leurs épouses, de même que les hommes d’affaires — tous des escrocs — se sont embourgeoisés et ne peuvent plus renoncer à un train de vie scandaleux qui ne peut produire qu’indolence, paresse et castration physique et mentale. Ils n’ont plus cette crédibilité et cette liberté d’action nécessaires à une réaction saine et énergique à la hauteur des espoirs placés en les générations futures par les Chouhada qui ont délivré le peuple de ses entraves et lui ont rendu sa liberté au prix du sang. Du reste, les services français sont au courant de toutes leurs frasques et des moindres détails sur leurs avoirs en devises fortes. Les limites ont largement été transgressées et seule une réaction salutaire venant du peuple pourrait changer la donne et lui redonner l’honneur et la dignité depuis longtemps perdus. Sarkozy ne se serait jamais permis de tenir un tel langage, s’il avait en face de lui des hommes, des hommes véritables. Pour finir, il faut aussi déplorer l’absence de réaction immédiate des Tunisiens qui n’auraient jamais dû admettre que de telles paroles, blessantes pour l’Algérie, puissent être prononcées par un étranger sur son sol. Ils auraient dû le reprendre sur le champ, d’autant que ce voyou ne mérite aucun ménagement, lui qui a créé le chaos en Libye, chaos dont la Tunisie et la région subsaharienne subissent les contre-coups à l’heure actuelle. C’est ainsi que devrait s’exprimer la solidarité agissante entres peuples frères et voisins.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a dénoncé les déclarations tenues sur l’Algérie par l’ex-président français Nicolas Sarkozy, en les jugeant « malvenues » et en s’interrogeant sur un possible retour de la « pensée coloniale ».
A Tunis où il se trouvait lundi, le chef du parti Les Républicains (droite) a déclaré aux Tunisiens qu’ils n’avaient « pas choisi (leur) emplacement » géographique entre l’Algérie, qui a souffert de l’intégrisme dans les années 1990, et la Libye, actuellement en proie au chaos. « Cette sortie (de M. Sarkozy) est malvenue », a déclaré M. Lamamra, dans une première réaction officielle algérienne aux propos de l’ex-chef de l’État français. « Il est tout à fait légitime de poser, à cet égard, la question de savoir si la pensée coloniale que l’histoire a complètement disqualifiée ne serait pas en train de tenter de se régénérer à travers des exercices stériles de manipulation de la géographie », a-t-il ajouté lors d’un entretien publié samedi par plusieurs journaux algériens. Le ministre était interrogé à Paris en marge d’une réunion préparatoire à la conférence sur le climat COP21 prévue en novembre en France. Les déclarations de M. Sarkozy ont provoqué une levée de boucliers en Algérie. La presse a estimé que la relation entre la France et l’Algérie, apaisée depuis trois ans, serait de nouveau conflictuelle si l’ancien président revenait au pouvoir. La puissante Organisation nationale des moudjahidine(O.N.M, anciens combattants de la guerre d’indépendance) a jugé que les propos de M. Sarkozy étaient « une nouvelle marque de haine qui s’ajoute à la rancœur de cet homme contre l’Algérie », dans un communiqué publié par la presse. Durant le mandat de M. Sarkozy, entre 2007 et 2012, les relations algéro-française ont traversé des zones de turbulences marquées par l’enterrement du traité d’amitié voulu par son prédécesseur Jacques Chirac. Sa première visite d’État en Algérie en décembre 2007 avait été précédée par une polémique provoquée par des propos de l’ancien ministre des Anciens combattants, Mohamed Cherif Abbas, qui avait évoqué le rôle du « lobby juif » dans l’arrivée au pouvoir de M. Sarkozy.
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