
Des fantaisies sur Hitler !
Les auteurs contemporains trouvent leur inspiration dans cette loi connue, portant le nom d’un sociologue US, que l’on ne saurait pousser une conversation sans évoquer l’œuvre ou l’ombre du national-socialisme. Et après guerre, Heidegger même, qui pressentait l’avenir, a cru bon, dans sa réédition d’Introduction à la Métaphysique qu’Henry Corbin avait traduite, de laisser intact ce qu’il avait écrit avant-guerre, que ce que l’on voyait traîner ci et là, sous ce nom, n’avait rien de commun – laissons lui son opinion – avec l’origine et la grandeur du mouvement.
Un thème des Antifa, que l’on a vu manifester ce 11 juin à Vienne devant la Gare de l’Ouest contre lesdits identitaires autrichiens et européens, est de traiter tous leurs adversaires de “nazis” ou pions du Capital, et en premier leur compatriote devenu chef d’État et sur lequel le défunt libraire et ami intime de l’écrivain Thomas Mann, retrouvé pendu, sauf erreur, dans sa boutique allemande du Quai des Orfèvres, Martin Flinker, nous confiait le dernier soir de l’hiver 1985 où je le quittais ne devant plus le revoir, une opinion de l’ancien ministre de l’éducation de la Hongrie rouge, le “philosophe marxiste”, György Lukács, né György Löwinger (1885-1971) reçu par lui à Linz dans les années cinquante, nous précisa-t-il, que sa victoire avait été une revanche tardive de l’Autriche sur la Prusse qui l’avait battue à Sadowa ou Königgrätz le 3 juillet 1866 : l’opinion est peut-être trop brillante, voire superficielle mais est moins fantaisiste que deux thèmes que l’on voit courir sur la toile et figurer dans les romans historiques donnés pour des révélations. Sa survie d’abord, qui fait couler de l’encre périodiquement, est des plus clairement infirmée par son testament politique dicté à sa secrétaire et dont l’authenticité est indubitable, où il parle de son décès “J’ai donc décidé de rester à Berlin et là je choisirai une mort volontaire lorsque je déterminerai que la position du Führer et de la Chancellerie même ne pourra plus être maintenue etc.” ! Cette seule affirmation devrait faire taire les suppositions délirantes qui font vendre honteusement du papier. L’autre est plus intéressante, ressortie du marxisme-léninisme, que tout anticommuniste est un agent des banques, quand bien même le nom de Warburg par exemple, comme celui de Loeb et autres sont associés par ailleurs, comme il se lit chez Louis-Ferdinand Céline et l’anglo-américain critiqué plus loin, Anthony C. Sutton (1925-2002), au soutien à la fraction majoritaire du parti socialiste russe ou bolcheviste.
“et c’est ainsi qu’on écrit l’Histoire” lit-on dans une pièce de théâtre de Voltaire.
C’est précisément ce même nom de Warburg que l’économiste et sur ce point peu rigoureux Anthony C. Sutton, cite pour avoir en 1933, avec ses collègues américains, chrétiens ou non, là n’est point ce qui nous occupe, financé l’arrivée au pouvoir du successeur du maréchal Hindenburg, et qui désignera en 1945, dans le testament cité plus haut, le Grand Amiral Karl Donitz comme Président du Reich (lequel avait combattu durant la Première Guerre Mondiale avec son sous-marin, intégré dans la flotte turque, sous ce pavillon donc, en Mer Noire !). De nombreux auteurs, comme le Hollandais De Ruyter débitent du Sutton en tranches, et le vendent ainsi comme un nouveau produit récemment mis au point, mais, hélas pour eux, le coup de grâce à cette légende tenace – et reçue comme une évidence par les nouveaux esprits forts – a été donné dans la dissertation déjà ancienne parue dans le périodique ou cahier d’histoire contemporaine Vierteljahresheft für Zeitgeschichte 1954/4, d’Hermann Lutz (1881-1965) – excellent enquêteur aussi sur les causes de la Première Guerre mondiale et la responsabilité britannique écrasante – intitulée “Falsifications touchant le financement par l’étranger d’Hitler” (Fälschungen zur Auslandsfinanzierung Hitlers). Les archives de Lutz ont été rassemblées, nous dirions volontiers confisquées, à la Stanford University !
Tout tourne autour d’un membre de la célèbre famille juive américaine des Warburg, prénommé Sydney, qui à l’automne 1933, aurait confié, ne pouvant se démasquer, à un Hollandais Stoup, assassiné en 1944, ce financement par des établissements bancaires de celui qui dominera la scène allemande et européenne ! Stoup en fit un livre. Hélas ce Sydney Warburg en question n’a jamais existé, et le siège de sa banque aurait été, selon ce même Stoup, à New York au 5754 Fourth Avenue, Quatrième Avenue donc, là où résiderait prétendument, le notait-il, la firme Warburg & Warburg , or la rue cesse au numéro 420 !
Arrêtons là les balivernes dans un monde plongé dans la terreur, où tout est menace, quand il n’est pas mensonge, comme dans la bouche du porte-parole de la Maison Blanche Eric Schultz sommant l’Iran de cesser son aide au Hezbollah présenté comme terroriste, sous peine de voir annuler tous les prétendus progrès des relations inter-étatiques. Il faut donc, quand on ne peut assassiner les contestataires ou accusateurs d’une politique, leur donner toutes sortes de drogues, de celles distribuées aux GI’distes aux feuilletons historiques “et c’est ainsi qu’on écrit l’Histoire” lit-on dans une pièce de théâtre de Voltaire.