La liberté, c’est la mort
Ainsi peut-on, depuis toujours, formuler la tyrannie républicaine, du moins dans le pays qui a forgé cette formule terroriste : la liberté ou la mort. Dans les procès européens, et particulièrement en Autriche, les esprits forts sont condamnés à des mois de prison, voire des années, comme c’est le cas de l’ingénieur Wolfgang Frölich à Krems, en cette Basse-Autriche où j’ai connu la fille poétesse d’un illustre philosophe et aristocrate dont l’unique fils était devenu une notabilité musulmane et professeur à Heidelberg. Cette région fut pillée et affamée par les troupes tricolores napoléoniennes qui semaient la mort. Le scientifique autrichien, leur compatriote, a été, pour une simple opinion hérétique, en matière de faits qui auront dans trente ans un siècle d’existence, été condamné, ayant maintenant 64 ans, à être emprisonné depuis 2007, sans compter les autres peines antérieures, pour un motif identique. Que chez un peuple autrefois cultivé et pacifique qui, en la personne de mon défunt maître d’université, feu Michael Benedikt, à l’automne 1973, à une question sur les rigueurs de l’occupation russe, me répondait immédiatement, dans son bureau viennois, par le nombre précis de morts et de viols de femmes commis par l’Armée Rouge dans la région du Bürgenland, pareille mesure judiciaire nous fait mesurer et apprécier ce que signifie une liberté révolutionnaire, car la Soviétie se voulait une suite, en mieux, plus énergique, de la Révolution Française : ce que la bourgeoisie ou une société de parvenus n’avait pu apprendre aux masses égarées, les oligarques du nouvel État parviendraient à le réaliser, mais en plus grand ! Tous ces auteurs d’actes barbares, en métropole puis dans les colonies, sont morts de plusieurs façons, mais le plus souvent dans leur lit, comme ce Biélorusse, signataire des Accords d’Oslo entre le Foyer juif autoproclamé État et l’Autorité palestinienne, et grâce auquel la France républicaine, pur porc, si l’on peut dire, la vraie, la radicale-socialiste, fille de cette organisation qui compte de nombreux maîtres revêtus, avec leur costume noir et blanc — comme les carreaux du temple — de tabliers de cochon, donna la bombe atomique française, largement fabriquée par des ingénieurs allemands longtemps tenus prisonniers en France, puis travaillant de leur plein gré quoique surveillés, (j’ai connu l’un d’eux en 1967 à Savigny sur Orge), à l’entité sioniste. Ce Simon Perez qui avait de nombreux biens immobiliers en Espagne, est mort ainsi fort âgé, car sa liberté et sa santé reposaient sur la mort ou l’étouffement de ses adversaires, et c’est ainsi qu’il peut rejoindre au royaume des Ombres, ou aux Champs élyséens, comme le décrivent les auteurs grecs prisés des humanistes, d’autres grands libertaires de l’Histoire ! Mais ces libertaires sont des liberticides, ils sont comme ces fruits sucrés qui deviennent des poisons. C’est une alchimie politique.
Aussi, la justice est-elle à l’affût, oui la républicaine, de séparer les familles, de disperser frères et sœurs dans des familles d’accueil de façon aveugle, mais avec une joie sadique d’effacer un bien naturel.
Aujourd’hui, ouvrez votre ordi et l’on vous propose, tout en regardant la presse, les nouvelles d’une star des trois genres sexuels possibles, en attendant que le transhumanisme en fabrique une suite, mais rien ne transpire de ces victimes d’une liberté en laquelle ils ont cru. Faut-il pour cela la répudier ? Seulement reconnaître que nous sommes entraînés vers la mort non d’une mode, comme des feuilles d’automne, mais de l’être même : nous ne pouvons plus conjuguer le verbe et énoncer, comme les philosophes nous l’apprennent et nos maîtres héroïques nous le transmettaient, en les imitant. Ceci est, ceci n’est pas, ceci peut être ou non, il y a des choses que nous pouvons savoir et d’autres plus difficiles, impossibles même à atteindre : mais on pouvait dialectiser, et dans ce lointain passé, il y a des siècles, savoir, pour exercer la critique que toute religion favorise pour l’éclairage de l’âme et de l’esprit, la grammaire, la rhétorique, l’art de persuader et la logique, etc. tous faisaient partie de l’ordre des choses et de l’ordre humain. Une société était possible, puis s’est restreinte avec l’ambition du pouvoir, le fractionnement de celui-ci en ambitions qui se déchirent. Dans son roman, qui était dans la bibliothèque verte, collection à l’usage de la jeunesse, se trouvait le livre bien écrit par notre littérateur Anatole France. Lui-même républicain, dreyfusard, d’un judaïsme léger par sa grand mère, tolérant du moins comme un socialiste peut l’être, il écrivit : les Dieux ont soif, satire de la Terreur révolutionnaire. Mais ce genre de culture a été remplacé par un formatage demandant que l’on accepte de se laisser couler dans un moule, ou vacciner, ou laisser guider par ses compagnies d’assurance, d’accepter la vie facile, ne plus voir de contradiction entre garder sa femme et ses maîtresse… tel est l’homme mou et ses démons qui revêtent une toge n’ont pas conscience de la liberté, ils ne sentent que la mort qu’ils répandent, de la famille, de la critique, du goût, de la beauté et du bien commun. Bien sûr la famille est chez eux la suspecte principale car elle est un lieu intime d’opinions, et qu’ils ne la surveillent pas, sauf à corrompre la prime jeunesse par la pourriture des médias télévisés et autres. Aussi, la justice est-elle à l’affût, oui la républicaine, de séparer les familles, de disperser frères et sœurs dans des familles d’accueil de façon aveugle, mais avec une joie sadique d’effacer un bien naturel.
La justice qui ne peut matériellement jamais être indépendante, car elle dépend de l’État ou de la communauté, religieuse ou laïque, qui l’entretient, en nomme les agents, et assure leur promotion s’est ainsi, à Paris, au Palais de Justice, acharnée sur un homme honnête et cultivé, agrégé de l’université et docteur en littérature, dans trois ans, nonagénaire, car il donne son avis. Cela indigne ses proches et ses amis, qu’il soit averti qu’il aura six mois de prison ferme sans sursis, précise-t-on rageusement, que l’on expulse son frère de la salle, homme bien sûr respectable et d’âge certain, et pourtant, tel sera le sort de groupes, de populations que l’on voudra contrôler, régir en transformant leur intelligence en mécanique de réflexes, ce qu’avait entrepris la science soviétique, mais que poursuit celle d’Occident, non pas jusqu’au suicide, mais pour instaurer cet état d’anxiété, de peur diffuse, de se rendre compte “que les mains rapaces de la destinée sont déjà posées sur nous” ; telle est la dernière phrase de l‘Essai sur l’Inégalité de Gobineau, de 1859, portant sur les degrés de la vitalité humaine, à travers les cycles du temps, alors que l’Egalité de nos idéologues est la répétition de notre mort autant personnelle que collective ou religieuse, artistique et surtout politique.
Pierre Dortiguier